J’ai le plaisir de vous annoncer la parution de mon roman Le diable sur le divan (éditions Cheminements, collection Noème) pour lequel j’avais reçu, en 2005, le Prix du premier roman dans le cadre du concours « Envie d’écrire » organisé par le CRILJ et le Ministère de la Jeunesse et des Sports, parrainé par Daniel Picouly. Il sort en même temps qu’un essai Comprendre l’adolescence – conduites de dépendance et conduites à risque que j’ai co-écrit avec M. Pompignac-Poisson.
Restant à votre disposition, je vous prie d’agréer mes salutations distinguées.
Christophe Allanic
Quatrième de couverture :
Monsieur Serin, psychanalyste pourtant ordinaire, a ouvert son cabinet à une clientèle d’un genre particulier. Se succèdent ainsi sur son divan, un diable contrarié par sa réputation sulfureuse, « Rocco » un lapin tourmenté par ses pulsions, « 8 » obsédée par le déchiffrage mathématique de l’univers, « Grâce » une jeune vache anorexique, et d’autres patients qui nous entraînent dans un univers fantastique où se croisent psychanalyse, sciences et mythologie. À travers ces neuf contes psychanalytiques, le lecteur est invité à une découverte originale de la psychanalyse, mêlant humour et situations étonnantes.
Extrait :
Lui était timide, complexé et gauche. Elle, mystérieuse et séduisante. Le coup de foudre fut pourtant immédiat. Le premier à lui avoir parlé d’elle était un de ses amis de la faculté de biologie, Albert. Celui-ci avait déjà un peu flirté avec elle auparavant, suffisamment du moins pour témoigner du chamboulement qu’elle avait provoqué dans sa vie. Monsieur Serin se rappelait du jour où son ami lui en avait parlé la première fois. Il se souvenait de cette passion qui l’animait, de la lumière dans ses yeux, de l’expression de son visage et de ses mains qui s’agitaient comme pour donner davantage de matérialité aux mots qu’il employait.
Ce jour-là sur le chemin du retour, les propos d’Albert raisonnaient encore dans la tête du jeune Serin. Il ne la connaissait pas, mais il était déjà sous son charme. Le sol flottait sous ses pieds comme s’il marchait sur un nuage. Il engloutit le dîner à une telle vitesse, la tête plongée dans son assiette, que ses parents comprirent qu’il n’était pas d’humeur à parler. La nuit tombée, il se réfugia dans sa chambre mais le sommeil tardait à venir. Se tournant et retournant dans son lit, il n’avait qu’une idée en tête, faire au plus vite sa connaissance et parcourir un long chemin en sa compagnie.
Le lendemain, il fit part à son ami de son désir de rencontre. Albert se fit soudain plus modéré, prétendant qu’elle n’allait peut-être pas lui plaire, qu’il se faisait des idées sur elle, qu’il ne répondait peut-être pas à ses critères … Serin comprit que son ami regrettait de lui en avoir parlé. Plus décidé que jamais, il se débrouilla pour obtenir un rendez-vous le jour suivant.
Le cœur battant la chamade, il se présenta à l’adresse qu’on lui avait indiquée. En face de lui s’imposait un vieil immeuble d’avant-guerre à la peinture défraichie. Il entra dans le hall puis emprunta l’escalier. Les marches grinçaient sous ses pieds, la rambarde tremblait sous sa main. Il frappa. Après quelques instants, des pas s’approchèrent et la porte s’ouvrit enfin. Un homme âgé, barbe grise et lunettes rondes, l’accueillit assez froidement. Son visage ressemblait à s’y méprendre à la description du père de la Belle qu’Albert lui avait faite.
En entrant dans le bureau du vieil homme, le jeune Serin aperçut un sofa sur la gauche et comprit que ce serait bientôt là le champ de leurs futures batailles. La sueur perlait sur ses tempes. Le vieil homme en face scrutait l’étudiant sans mot dire. Fallait-il également courtiser le vieux avant de rencontrer la Belle ?
Le jeune Serin prit les devants et bafouilla : « Je … je voudrais faire une … une psychanalyse ! »
Christophe Allanic est psychologue clinicien d’orientation analytique. Il exerce à Nantes en institutions auprès d’adolescents et de parents, ainsi qu’en cabinet libéral.