Les amis de la littérature de jeunesse le connaissent surtout sous le pseudonyme d’André Massepain sous lequel il a publié son œuvre pour les jeunes.
En cette fin de siècle, on reconnaîtra dans l’ami qui s’en va une sorte de modèle des hommes de culture de notre temps.
Né en 1917 à Bucarest, étudiant à Prague, il va habiter la Grèce, pays d’origine de sa famille, de 1938 à 1945 et participer à la résistance grecque dont il a contribué à retracer l’histoire dans son Histoire de la Résistance Grecque 1940-1944.
En 1945, la guerre civile grecque l’oblige à se réfugier en France où il est accueilli par les amis de la résistance grecque qui connait des moments très difficiles.
Aragon décerne en lui un écrivain de talent et l’aide à publier Le navire en pleine ville en 1948.
C’est à cette époque que nous faisons connaissance dans l’action autour du livre qui se mettait peu à peu en place. Mais aussi par l’action contre la répression et pour essayer de sauver Beloyannis.
Psychologue et penché sur les problèmes de l’enfance, nous l’avons retrouvé avec Henri Wallon et Hélène Gratiot Alphandéry dans toutes les entreprises autour de la lecture et de la littérature de jeunesse, à la revue Enfance et au Centre International de l’Enfance.
Auteur, il obtint de nombreuses distinctions dont le Grand Prix du Salon de l’Enfance avec La Guerre aux ours (1963), Prix de la Joie par les Livres pour Le derrick aux abeilles (1961) et, à Padoue, en 1978, le Prix européen de Littérature pour la jeunesse pour l’ensemble de son œuvre.
Il avait compris très tôt l’importance de l’édition dans l’action pour la lecture. Soucieux d’apporter aux adolescents à la fois la qualité littéraire et une variété d’inspiration, il anima chez Robert Laffont, la collection Plein Vent qui détermina une nouvelle orientation dans l’édition française.
D’autres forces ont contribué à l’évolution de l’action envers les jeunes lecteurs. Pour avoir, au CRILJ ou dans l’action éducative d’ensemble, maintes fois agit aux côtés d’André Massepain, participé à de nombreux débats et rencontres aussi bien dans un préau d’école que devant des spécialistes, nous savons que la « marchandisation » croissante de la littérature lui semblait une conséquence culturelle liée à l’époque. Il n’est pas incompréhensible qu’il ait souffert de cet état de choses au point de la trouver, l’âge venant, insupportable.
Il me souvient aujourd’hui d’une longue conversation, un jout quelque part en province après une vente, où nous avons parlé de Paul et Laure Lafargue et de leur relation face à la vieillesse. Il se reconnaissait dans ces militants du parti ouvier.
D’autres parleront de sa place dans la littérature de langue française, de l’impact de son œuvre à l’étranger, mais nous voudrions surtout dire tout ce qu’il a apporté à l’action pour la littérature de jeunesse par sa culture et son attachement aux valeurs humaines. Nous aimerions aussi mettre en valeur sa fraternité et son amitié, toute la tendresse qu’il témoignait aux siens mais aussi à toute la jeunesse du monde.
( texte paru dans le n° 66 – octobre 1999 – du bulletin du CRILJ )
Elève de l’Ecole Polytechnique d’Athènes, docteur es lettres de l’Université Charles de Prague, André Kédros effectue, invité du gouvernement français depuis 1945, auprès de Henri Wallon, des travaux de recherche en psychologie de l’enfant. Une dizaine d’ouvrages pour adultes puis, à partir de 1949, sous le nom d’André Massepain, nombreux ouvrages pour jeunes lecteurs : Le dernier des derrick (1961), La grotte aux ours (1963), L’île aux fossiles vivants (1967). En 1966, André Kédros dirige chez Robert Laffont, la collection « Plein vent », qui inaugure la série des nombreuses collections pour adolescents qui seront créées dans ces années-là. « Lorsqu’on écrit pour les enfants, il faut tenir compte de leur catégorie d’âge sans se départir du sens de la responsabilité que tout adulte doit avoir à l’égard de la jeunesse. Malgrès les contraines, il faut veiller à la plus parfaire expression littéraire. » André Kédros était membre d’honneur du CRILJ.