Grâce à la rencontre du Secrétariat d’Etat à la Jeunesse et aux Sports et de la Maison de Poésie, le premier Grand Prix de Poésie pour la Jeunesse a été décerné en octobre 1989.
Quatre cent vingt deux poètes ont concouru, quatorze manuscrits ont été sélectionnés et le jury, sous la présidence de Claude Roy, a attribué ce prix de 30 000 francs à un poète belge, Pierre Coran, pour son recueil Jaffabules, tout en soulignant également la grande valeur du manuscrit de Marc Alyn, A la belle étoile. La remise du prix a eu lieu à l’Hôtel de Massa, à Paris, le samedi 21 octobre 1989, pendant la Nuit de la Poésie, retransmis par France-Culture.
Jaffabules sera prochainement édité dans la nouvelle collection de poésie Hachette-Jeunesse.
Ce Grand Prix attire l’attention sur la vitalité de cette création poétique par le grand nombre des candidats. Mais la sélection sévère, qui s’est opérée dans le plus stricte anonymat, montre que les deux organismes responsables sont soucieux de promouvoir une politique de qualité et d’exigence dans un genre particulièrement difficile.
Par-delà cette excellente sélection, ce premier Grand Prix consacre l’importance de la poésie dans la littérature de jeunesse. Grâce au travail des enseignants, des bibliothécaires, des animateurs, des critiques, etc, la rencontre des enfants et des adolescents avec la poésie de leur époque est souvent une réalité quotidienne – et l’on sait qu’elle se prolonge tout naturellement par une création personnelle de chaque enfant.
Par ailleurs, pour beaucoup de poètes contemparains, cette rencontre est une expérience importante, essentielle même, par la qualité d’accueil de ce jeune public qui, en dehors de tout snobisme, est un vrai public, inaccessible aux modes, mais sensible à la seule qualité du texte qui lui communique son émotion.
Beaucoup de poètes vont aujourd’hui retrouver les enfants dans des classes ou des bibliothèque, pour se ressourcer.
En cette fin du XXème siècle, enfance et poésie semblent avoir partie liée – mais on sait aussi que la poésie n’a pas d’âge.
Ce mouvement qui poursuit son cours influencera forcément la poésie des prochaines années et rélèguera sans doute au second plan un hermétisme désuet, au profit d’une poésie plus vaste, plus généreuse, mieux partagée.
Le grand succès de ce premier Prix le montre bien, puisque des poètes de tous âges, de pays divers, en des styles différents, des « amateurs » inconnus et des « professionnels » célèbres ont participé à ce concours.
Voulant poursuivre leur aide à cette rencontre de la jeunesse et de la poésie vivante, le Secrétariat d’Etat et la Maison de Poésie ont donc décidé de lancer dès à présent une deuxième édition, celle de 1990, doté d’un prix de 40 000 francs. Le règlement peut en être demandé au Secrétariat à la Jeunesse et aux Sports, 78 rue Olivier de Serres, 75015 Paris.
Il reste à résoudre le problème de la diffusion de cette poésie vivante. Beaucoup de manuscrits de valeur (en particulier parmi les quatorze sélectionnés) mériteraient d’être édités. Le poésie ne devrait pas être incompatible avec la grande édition moderne.
La réussite de ce prix montre en tout cas que la poésie pour l’enfance et la jeunesse est un secteur vigoureux de la création contemporaine.
( texte paru dans le n° 37 – 3/1989 – du bulletin du CRILJ )
D’abord instituteur et professeur, puis écrivain, anthologiste, directeur de collections chez plusieurs éditeurs, Jacques Charpentreau fit beaucoup pour la diffusion de la poésie. Parmi ses nombreux recueils pour jeunes lecteurs : Poèmes d’aujourd’hui pour les enfants de maintenant et Poèmes pour les jeunes du temps présent. Il écrivit aussi, pour les enfants, de nombreux romans (Comment devenir champion de football en mangeant du fromage, La Famille Crie-toujours). Auteur, pour des lecteurs adultes, de poésie, de théâtre, de pamphlets, il est président de La Maison de Poésie. Très attaché au CRILJ, il en fut longtemps l’un des vice-présidents.