Le mercredi 19 juin 2019, dans le cadre des animations impulsées par le CRILJ, Rolande Causse est intervenue à Olivet (Loiret) auprès de douze jeunes apprenants et apprenantes accueillis par l’association Olivet Solidarité. Veuillez trouver ici le compte-rendu de cette rencontre, avec un franc retard dont vous voudrez bien nous excuser.
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Militante de l’association Olivet Solidarité, j’ai souvent évoqué, lors de nos réunions entre formateurs, de littérature pour la jeunesse. Et c’est ainsi qu’est née l’idée d’une rencontre entre Rolande Causse, écrivaine et poétesse, et les apprenants de niveau de français A2 de Carmel et Mathilde, deux de nos formatrices, qui s’est tenue le mercredi 19 juin 2019 de 10 heures à 14 heures. La séance avait été préparée la veille par Rolande et les deux formatrices.
C’est à douze jeunes âgés entre 16 et 22 ans, venus des quatre continents, que Rolande s’est présentée et a lu les poèmes choisis lors de la séance de préparation, les invitant à observer le rythme et la composition de chacun d’eux. Ensuite Rolande les a encouragés à créer à leur tour et ils se sont lancés à écrire à la manière de. Leurs écrits ont été lus par les formatrices.
La séance s’est terminée par un repas partagé où les échanges se sont prolongés, les jeunes répondant aux questions de Rolande sur leurs pays, leurs vies en France, leurs projets.
Martine Bonnet-Hélot
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J’ai mené mon premier atelier de lecture-écriture avec des enfants à Montreuil (93100) en juillet 1979. Depuis je ne compte plus les rencontres avec les jeunes ou avec des adultes, enseignants, bibliothécaires, orthophonistes…
En Colombie, à la grande bibliothèque de Bogota, j’ai mené une formation Littérature-écriture de quatre journées auprès de quinze bibliothécaires de langue espagnole. Avec l’interprète nous avions préparé livres et motivations d’écriture. Néanmoins n’ayant pas appris l’espagnol, j’appréhendais quelque peu. Ce furent quatre jours d’étonnement heureux.
Pendant le confinement, mon petit-fils et moi avons inventé un atelier d’écriture audio (grâce à WhatsApp) Cela a été très riche. Nous continuons pendant le deuxième confinement.
Je conte ces expériences afin de souligner que l’atelier d’écriture poétique que j’ai mené pour l’association Olivet Solidarité demeure pour moi parmi les moments particuliers et inoubliables. Je garde un souvenir ému de cette rencontre à Olivet (Loiret) en juin 2019 avec une douzaine de grands adolescents ou jeunes hommes et trois jeunes femmes venus des pays africains et sud américains.
Avec une extrême attention, ils ont écouté ma lecture de poèmes d’Andrée Chedid, de Desnos, de Lorca, d’Apollinaire. Je souhaitais les mettre dans l’ambiance du bercement des mots et de la poésie. Ils apprécièrent les rythmes, les répétitions, les émotions. Puis je souhaitais qu’ils choisissent l’un des poèmes anaphoriques comme J’aime, je déteste ou Je me souviens ou encore Hier, aujourd’hui, ici, là-bas… Et je leur demandais d’écrire ce qu’ils ressentaient.
Appliqués, concentrés, souriants ou traits contractés, ils créèrent de forts beaux textes. Ils les lurent à haute voix ou, pour certains qui hésitaient trop, je les lus à leur place. Mais leur attention, leur disposition, leur gentillesse leur talent m’enthousiasmèrent.
Puis au cours d’un brunch, certains dirent qu’ils se sentaient bien accueillis et qu’ils aimaient notre pays. Pour quelques uns, « c’était dur » mais ils faisaient des efforts. Ils ne supposaient pas qu’en venant en France ils apprendraient tant de choses. Tout ce qu’ils désiraient c’était d’avoir un métier, de l’exercer et d’envoyer de l’argent à leur famille. L’apprentissage qu’ils recevaient leur permettait d’espérer…
Nous nous quittâmes en sympathie. Ils me demandèrent de revenir. Je leur répondais que j’aurais plaisir à les revoir et à poursuivre avec eux cette sensibilisation à la poésie. Nous étions en juin 2019 et il ne fut pas possible de recommencer cette expérience.
Je leur souhaitais le meilleur avenir possible. Grâce à ces jeunes migrants et grâce à l’association Olivet Solidarité, cette demi-journée demeure pour moi un moment important dans mon travail.
Un atelier d’écriture émouvant et une production d’écrits dans laquelle il est difficile de choisir. Vous trouverez ci-après les trois textes.
Rolande Causse
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Ici les gens écrivent
Là-bas les enfants courent
Ici la vie est dure
Là-bas le fruit est mûr
Ici il y a des jardins
Là-bas tout est désert
Ici le temps est court
Là-bas le rêve est doux
(Diadié)
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Ici il y a les droits de l’homme, la liberté d’expression et le respect de la femme
Là-bas il y a l’amour de son prochain, la joie d’une famille pauvre
Ici il y a des personnes qui consacrent leur temps à de jeunes étrangers pour leur intégration dans la société
Là-bas il y a la guerre
Là-bas il y a la famine
Là-bas les enfants sont tués
Ici les enfants sont protégés
Ici le président n’a droit qu’à deux mandats
Là-bas il y a la dictature
Là-bas là la jeunesse perd tout espoir
Ici c’est l’espoir d’une vie meilleure
Ici je suis chez moi
(Ibrahim D.)
Dans ma poche il y a des cartes
Dans ma poche il y a l’heure de départ
Dans ma poche il y a le ciel
Dans ma poche il y a du miel
Dans ma poche il y a la couleur dorée
Dans ma poche il y a un cœur amoureux
Dans ma poche il y a la vie
Dans ma poche il y a la ville
(Diadié)
L’association Olivet Solidarité a pour objectifs de contribuer, dans le cadre d’une coopération menée notamment avec la Mairie et en liaison avec les associations ou services à vocation sociale, à l’aide, à l’entraide et au soutien des personnes les plus démunies afin de leur procurer les moyens matériels et psychologiques qui leur permettront de lutter contre la faim, le dénuement, la solitude et les détresses de toute nature, d’être à l’écoute de ces personnes dans le total respect de leur dignité et en toute confidentialité, d’organiser des échanges du savoir et savoir faire, de favoriser les liens entre générations, de souscrire à toute action de solidarité active en faveur des plus démunis.