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Parait cet automne, Les Deux Géants de Régis Lejonc et Martin Jarrie (HongFei 2021, 44 pages, 18,90 euros). « Deux géants marchent chacun d’un côté du monde qu’ils font tourner au rythme de leurs pas. Ils marchent inlassablement, chacun sa destinée, chacun son caractère. Ils ne se connaissent pas. Ils ne se voient jamais. Quand l’un est ici, l’autre est là-bas. Tout le monde le sait. C’est toujours comme ça. Mais que se passerait-il si venait à l’un d’eux l’idée de se retourner ? »
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Rencontre avec Régis Lejonc, auteur
Ce texte vient de loin. De mon enfance. Je l’avais dédié à mes parents, mes deux géants, lorsqu’il fut publié il y a vingt ans aux éditions du Rouergue avec mes propres illustrations. J’avais (déjà) sollicité Martin Jarrie pour en être l’illustrateur. Ce vœu est exhaussé aujourd’hui aux éditions HongFei. J’ai ainsi le sentiment que mon texte trouve enfin son légitime illustrateur. L’univers artistique et le vocabulaire graphique de Martin, uniques et hors de mode, lui apportent une dimension poétique et puissante. L’écriture de ce texte a pris la forme d’un mythe sur la marche du monde. Pourquoi le republier aujourd’hui ? j’ai toujours été sensible aux grands imaginaires collectifs ancestraux venus de la nuit des temps (mythes fondateurs, contes des origines). Mais, j’ai le sentiment que, dans notre société individualiste, nous partageons de moins en moins cet imaginaire (chacun de nous puisant à des sources multiples et atomisées). Avec ce récit aux tonalités cosmogoniques, j’espère humblement apporter un peu de poésie dans nos vies pour rêver notre monde. (RL)
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Rencontre avec Martin Jarrie, peintre
Régis Lejonc m’a proposé d’illustrer Les Deux Géants en 2000. Peu avant, j’avais devenues les illustrations du Colosse Machinal paru en 1996 (texte de Michel Chaillou). Est-ce ce qui a conduit Régis à me solliciter ? Je ne sais pas. Mais j’ai longtemps refusé parce que je ne voulais pas refaire Le Colosse. Or, à un moment, ce texte avait fait son chemin en moi ; j’y trouvais des résonances avec ce que je vivais. Je savais pouvoir le nourrir de ces émotions personnelles et intimes. Quand Régis m’a annoncé avoir trouvé un éditeur, je me suis dit que je ne pouvais plus reculer.Et puis il y a eu le confinement. Je me suis retrouvé coincé chez moi, loin de mon atelier et de ce qui pouvait me distraire. J’ai alors pris plaisir à travailler ce texte. Les images sont venues, puisant aux sources des anciennes cartes du ciel, des cartes marines des îles Marshall, des enluminures inspirées des visions d’Hildegarde de Bingen à propos de la création du Monde et de l’Apocalypse. J’ai très vite décidé que les deux géants seraient de sexe opposé, ce qui n’était pas clairement précisé dans le texte au départ. Je ne sais pas si je fais référence à Adam et Eve. C’est une interprétation possible mais ce n’est pas la seule.Quand est venu le moment de trouver une idée pour la dernière image du livre, j’ai tout de suite pensé à ce que le monde entier était en train de vivre, ce temps suspendu et incertain lié à la première vague du COVID. C’est ce en quoi le texte de Régis a quelque chose de visionnaire (ce qui le rapproche d’Hildegarde de Bingen). Il est d’une actualité troublante et saisissante. J’ai glissé une allusion au virus dans une des images mais j’ai pensé aussi au dérèglement climatique et à toutes les menaces qui pèsent au-dessus de nos têtes. Je ne pense pas que Régis ait eu toutes ces menaces en tête en écrivant son texte qui, d’ailleurs, est plus ouvert que l’interprétation possible que j’en donne ici. On peut penser à toutes sortes d’antagonismes, le Nord et le Sud, la Chine et les États-Unis, les religions monothéistes, etc. Quant à moi, au moment où je dessinais Les deux géants, j’avais forcément à l’esprit ce que nous étions en train de vivre. (MJ)
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« Depuis la nuit des temps passent les deux géants.
On les connait, ils tournent sur Terre inlassablement. »
Merci à Loïc Jacob pour ce partage.
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