Régis Lejonc et Martin Jarrie

 

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Parait cet automne, Les Deux Géants de Régis Lejonc et Martin Jarrie (HongFei 2021, 44 pages, 18,90 euros). « Deux  géants  marchent  chacun  d’un côté du  monde qu’ils font tourner  au  rythme  de  leurs  pas. Ils marchent inlassablement, chacun sa destinée, chacun son caractère.  Ils  ne  se  connaissent  pas.  Ils ne se voient jamais. Quand l’un est ici, l’autre est là-bas. Tout le monde le sait.  C’est  toujours  comme  ça.  Mais  que  se  passerait-il  si  venait  à  l’un  d’eux l’idée de se retourner ? »

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Rencontre avec Régis Lejonc, auteur

    Ce texte vient de loin. De mon enfance. Je l’avais dédié à mes parents, mes deux géants, lorsqu’il fut publié il y a vingt ans aux éditions du Rouergue avec mes propres illustrations. J’avais (déjà) sollicité Martin Jarrie pour en être l’illustrateur. Ce vœu est exhaussé aujourd’hui aux éditions HongFei. J’ai ainsi le sentiment que mon texte trouve enfin son légitime illustrateur. L’univers artistique et le vocabulaire graphique de Martin, uniques et hors de mode, lui apportent une dimension poétique et puissante. L’écriture de ce texte a pris la forme d’un mythe sur la marche du monde. Pourquoi le republier aujourd’hui ? j’ai toujours été sensible aux grands imaginaires collectifs ancestraux venus de la nuit des temps (mythes fondateurs, contes des origines). Mais, j’ai le sentiment que, dans notre société individualiste, nous partageons de moins en moins cet imaginaire (chacun de nous puisant à des sources multiples et atomisées). Avec ce récit aux tonalités cosmogoniques, j’espère humblement apporter un peu de poésie dans nos vies pour rêver notre monde. (RL)

 

 

 

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Rencontre avec Martin Jarrie, peintre

    Régis Lejonc m’a proposé d’illustrer Les Deux Géants en 2000. Peu avant, j’avais devenues les illustrations du Colosse Machinal paru en 1996 (texte de Michel Chaillou). Est-ce ce qui a conduit Régis à me solliciter ? Je ne sais pas. Mais j’ai longtemps refusé parce que je ne voulais pas refaire Le Colosse. Or, à un moment, ce texte avait fait son chemin en moi ; j’y trouvais des résonances avec ce que je vivais. Je savais pouvoir le nourrir de ces émotions personnelles et intimes. Quand Régis m’a annoncé avoir trouvé un éditeur, je me suis dit que je ne pouvais plus reculer.Et puis il y a eu le confinement. Je me suis retrouvé coincé chez moi, loin de mon atelier et de ce qui pouvait me distraire. J’ai alors pris plaisir à travailler ce texte. Les images sont venues, puisant aux sources des anciennes cartes du ciel, des cartes marines des îles Marshall, des enluminures inspirées des visions d’Hildegarde de Bingen à propos de la création du Monde et de l’Apocalypse. J’ai très vite décidé que les deux géants seraient de sexe opposé, ce qui n’était pas clairement précisé dans le  texte  au  départ.  Je  ne  sais  pas  si  je  fais  référence  à  Adam  et  Eve.  C’est  une  interprétation possible mais ce n’est pas la seule.Quand  est  venu  le  moment  de  trouver  une idée pour la dernière image du livre,  j’ai  tout  de  suite  pensé  à  ce  que  le  monde  entier  était  en  train  de  vivre,  ce  temps  suspendu  et  incertain  lié  à  la  première  vague  du  COVID.  C’est  ce  en  quoi  le  texte  de  Régis  a  quelque  chose  de visionnaire (ce qui le rapproche d’Hildegarde  de  Bingen).  Il  est  d’une  actualité  troublante  et  saisissante.  J’ai  glissé  une  allusion  au  virus  dans  une  des images mais j’ai pensé aussi au dérèglement  climatique  et  à  toutes  les  menaces qui pèsent au-dessus de nos têtes. Je ne pense pas que Régis ait eu toutes ces menaces en tête en écrivant son texte qui, d’ailleurs, est plus ouvert que l’interprétation possible que j’en donne ici. On peut penser à toutes sortes d’antagonismes, le Nord et le Sud, la Chine et les États-Unis, les religions monothéistes, etc. Quant à moi, au moment où je dessinais Les deux géants, j’avais forcément à l’esprit ce que nous étions en train de vivre. (MJ)

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« Depuis la nuit des temps passent les deux géants.

On les connait, ils tournent sur Terre inlassablement. »

 

Merci à  Loïc Jacob pour ce partage.

 

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Lire Raiponce

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Lecture et interprétation

     La rentrée fut fatigante : nouvelle classe (encore des CM1-CM2), nouvelles habitudes à installer, cadre à mettre en place et à « tenir ». En ce début d’année, je m’étais dit que j’allais commencer par la lecture de contes traditionnels pour travailler la lecture à voix haute, ce que je n’avais pas du tout assez travaillé l’année précédente.

    L’objectif, c’est donc la « fluence » et la lecture à voix haute (lire par groupes de souffle, mettre le ton, etc.), mais je garde dans un coin de ma tête d’essayer de travailler un peu la question du stéréotype de genre dans le conte. Comme j’ai un exemplaire des Contes d’un autre genre dans le fond de ma classe, avec notamment une réécriture de La Belle aux bois dormant, je lance les élèves dans cette première lecture.

    Ce n’est pas passionnant, mais assez rapidement, la lecture des élèves s’améliore et les lectures collectives deviennent de plus en plus agréables. Pour construire l’idée de stéréotype (des figures féminines), on se lance dans la lecture de Raiponce des frères Grimm.

    Et puis, aujourd’hui, on termine le conte. C’est l’histoire de cette jeune fille enfermée dans une tour sans escaliers par une sorcière, et qui déroule sa chevelure pour faire une échelle. Un jour, un prince vient la rejoindre, mais quand la sorcière s’en rend compte, elle coupe les cheveux de sa protégée, et l’exile dans le désert. Quant au prince, il a les yeux crevés. Cependant, parce que le conte est un conte, le prince aveugle retrouve la jeune femme dans le désert. Elle a deux enfants, des jumeaux, et, lorsque ses larmes touchent les yeux du prince, il retrouve la vue. Ils « vécurent heureux et eurent  beaucoup d’enfants « .

    Alors qu’on allait passer à autre chose, une élève de CM2 lève la main et dit : « Mais, ils viennent d’où ses deux enfants ? ». En effet, le texte ne le dit pas, mais on peut imaginer, combler les trous du texte.

    Son hypothèse est que, lorsque le prince retrouvait la jeune fille, il et elle ont fait des enfants. Toutefois, cette idée semble difficile pour ses autres camarades qui échafaude d’autres scenarios : peut-être qu’elle les a adoptés ? Peut-être qu’elle a rencontré un autre homme dans le désert ?

    Un élève déclare que ce n’est pas possible car il et elle ne sont pas mariés et donc « leurs âmes ne se sont pas mélangées ». Un autre imagine une histoire de « portail magique ».

   Là, j’explique que souvent, lire c’est combler les trous, c’est imaginer ce que le texte ne dit pas, mais que le plus souvent, l’hypothèse la plus simple, celle où on invente le moins est la meilleur.

   – Mais alors, pourquoi la sorcière elle ne les a pas vus dans la tour ? questionne un élève.

   – Et bien, elle était enceinte, peut-être qu’elle avait encore un ventre tout plat.

   – Oui, mais les sorcières, elles sont capables de repérer les femmes enceintes, réplique le garçon. »

    Et là, c’est moi qui me prend au jeu de l’interprétation : « Oui, c’est vrai que traditionnellement, on appelait sorcière les femmes qui avaient des connaissances sur le corps, et notamment le corps des femmes. Donc… peut-être…, dis-je tout en réfléchissant, peut-être que la sorcière a compris que Raiponce était enceinte et que c’est pour ça qu’elle l’a chassé. Elle l’a chassé parce qu’elle avait un enfant sans être marié et que c’était un scandale. »

    On a déroulé ensemble le texte, un long débat d’une grosse vingtaine de minutes. Passionnant. J’avais découvert ce texte avec eux. On avait parlé de sujet sensible, suscitant des interrogations profondes, de manière pudique et au service du texte.

    De la lecture, au hasard de nos interrogations, nous avons fait de ce conte un bel et imprévu dispositif didactique pour aborder ce que signifie interpréter un texte. Ici, en acceptant de prendre le temps, de se plonger pleinement dans le débat interprétatif, on accède aussi à des manières de lire les textes qui rendent signifiant les silences, qui mettent en lumière la marge. En CM1-CM2 aussi, on peut faire des lectures critiques des œuvres.

par Arthur Serret  – L’imprévu, numéro 8, septembre 2021.

 

La rubrique L’imprévu publiée sur le site Questions de classe se propose de relater des récits de classe de la part de pédagogues engagé.es : « moments champagne » où la coopération fait pétiller le quotidien, ou au contraire, scène de crise illustrant la violence du métier et de l’institution, récits d’événement pédagogique où l’inattendu entre dans la classe ou compte-rendus minutieux d’une séance bien ficelée, moments de classe qui font rire, réfléchir, pleurer et s’engager. Des moments toujours imprévisibles où le vivant entre par la fenêtre, l’endormi se réveille, les passions s’échauffent. Adepte de la pédagogie Freinet, Arthur Serret enseigne à Paris, dans le 19ième arrondissement.

 https://www.questionsdeclasses.org

Merci pour ce partage.

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AUTRES LECTURES

L’ouvrage Contes d’un autre genre (Talents Hauts, 2011) propose trois contes (ré)écrit par Gaël Aymon « où les princesses prennent en main leur destin, où la vaillance n’est pas toujours du côté des hommes ni la sensibilité l’apanage des femmes. » : La belle éveillée (illustré par François Bourgeon), Rouge-Crinière (illustré par Sylvie Serprix), Les souliers écarlates (illustré par Nancy Ribard). « Je n’ai aucune leçon à donner, le but n’est pas de remplacer un modèle unique par un autre. Mon métier c’est de raconter des histoires qui fassent rêver et réfléchir. Et ça ce n’est possible que si on laisse les enfants avoir accès à une diversité de modèles et de représentations. » (Gaêl Aymon)

Gwen le Gac à Beaugency

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Le mercredi 28 novembre 2018, dans le cadre des animations initiées par le CRILJ, Gwen Le Gac  a rencontré, à Beaugency (Loiret), des enfants fréquentant le centre de loisirs de la commune.

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    Deux rencontres ont eu lieu en novembre 2018 à Beaugency avec Gwen Le Gac, à l’initiative de l’association Val de Lire, pour faire découvrir aux enfants du centre de loisirs et à un large public l’album Un enfant de pauvres. de Christophe Honoré et Gwen le Gac.

« Enzo est un champion de surf de douze ans, qui connaîtra probablement la richesse à sa majorité, mais restera celui qui dit « non’, marqué à jamais par la pauvreté qui est entrée dans sa vie à huit ans. Le récit est sec, le personnage jamais dans l’épanchement. La représentation de la pauvreté et des sentiments du personnage face à celle-ci sont réalistes, complexes. Ainsi la mère retrouve un travail, mais celui-ci reste insuffisant pour bien vivre. Enzo se met à voler, mais sans exploiter ses vols, juste pour dépasser la contrainte de devoir tout se refuser. » (Anouk Gouzerh, Val de lire)

    L’action a été menée en deux temps :

– le mercredi 21 novembre, les animateurs et animatrices de Val de Lire ont proposé deux séance de lectures et d’animations sur l’univers de Gwen Le Gac. Pendant deux heures, elles ont lu les livres sur la pauvreté, thématique proposée par le CRILJ. Les enfants ont échangé, dessiné et passé beaucoup de temps à commenter les illustrations d’Un enfant de pauvres (Actes Sud Junior, 2016) . Ils ont préparé les questions, très pertinentes, qu’ils pourront poser à Gwen Le Gac.

– le mercredi 28 novembre, Gwen Le Gac a animé un atelier intitulé Pauvre de moi  en lien avec son album.  Elle a expliqué le déroulement de son travail, les recherches, les idées qui surgissent, les inspirations. Elle a proposé un atelier à partir de collage de symboles, d’étiquettes, de prix et de mots clés tirés du livre à placer dans le pochoir représentant la tête d’Enzo. Cet atelier fut pensé comme un prolongement de la discussion autour de la pauvreté et de la consommation en général,  afin que chacun puisse exprimer par l’image et les mots sa vision de l’expérience vécue par le personnage.

    Le mercredi 21 novembre, une dizaine d’enfants et leur animatrices avaient suivi des temps de lectures et réfléchi sur ce que représentait pour eux la pauvreté et identifié comment différents auteur(e)s rendaient compte de cette pauvreté dans leurs œuvres.

    Ces mêmes enfants se sont retrouvés le 28 novembre et, à partir des informations et conseils donnés par l’auteure, en faisant un clin d’œil à l’image de la couverture d’Un enfant de pauvres, ils ont réalisé à l’aide de matériaux modestes, un collage à partir de « mots clefs », de symboles et d’images qualifiées « ordinaires ».

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Gwen Le Gac, née en Bretagne, vit et travaille désormais en Seine-Saint-Denis. Elle est auteure, illustratrice, plasticienne, créatrice textile. Après des études en arts plastiques, histoire de l’art et arts décoratifs, elle navigue aujourd’hui, selon ses propres mots, « dans l’univers de la création et cherche une autre manière de faire l’histoire ». Elle se consacre de plus en plus aux livres pour enfants. Elle a écrit avec Christophe Honoré Le terrible six heures du soir, La règle d’or du cache-cache (Prix Baobab de l’album du Salon du livre de Montreuil en 2010), L’une belle, l’autre pas (2013) et Un enfant des pauvres (2016) chez Actes Sud Junior. Elle a également écrit et illustré seule trois ouvrages également publiés chez Actes Sud. : Avant Avant (2009), Douze (2012) et Je suis une couleur  (2015).

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L’association Val de Lire développe des actions collectives qui permettent de renforcer liens familiaux, solidarités et de coordonner des initiatives favorisant vie collective, prise de responsabilité des usagers en inscrivant des pratiques culturelles le plus tôt possible au sein des familles, particulièrement celles où la littérature n’est pas invitée, et en maintenant ces pratiques culturelles le plus longtemps possible pour des personnes âgées. Elle est organisatrice du Salon du livre jeunesse de Beaugency et Saint-Laurent-Nouan.

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Pour l’été et pour après

 

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Se souvenir de l’avenir

    Et si la Culture n’était pas la recherche du temps perdu, mais la recherche du temps à venir ? Et si nous pouvions, par le poème et la réunion des bonnes volontés, changer ce qui a été, en lui donnant d’autres conséquences ? Ce dont l’homme a le plus besoin, c’est de destin, et la politique est poétique quand elle ouvre pour tous des possibilités nouvelles, particulièrement pour ceux dont le destin a été nié. Mais qui répond au besoin de destin intime, intérieur, secret ? C’est le poétique qui devient politique quand il agit sur le désir, le transforme, lui donne forme, le rend légitime, enviable, et possible.

    Quelque chose dans la société, dans la politique, dans le murmure du temps nous fait croire que demain est prémédité. Par contre, la folie artistique, l’enthousiasme paradoxal des foules, la catharsis joyeuse nous invitent à croire que demain n’est pas écrit. Et puisque la génération la plus jeune est confrontée au plus grand danger que la terre ait connu, nous devons l’assurer qu’en dépit de tous les découragements, tous les doutes et toutes les démissions, la page est encore blanche, la forme de l’avenir est celle d’un désir commun, mais qui commence dans la vie intérieure de chacun.

par Olivier Py

(extraits de l’éditorial du programme de la 75ième édition du  Festival d’Avignon  – 2021)

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Olivier Py, écrivain, metteur en scène et comédien, réalisateur, est l’actuel directeur du festival d’Avignon. Il a adapté et porté au plateau pour le jeune public quatre contes des frères Grimm : La jeune fille, le diable et le moulin (école des loisirs, « Théâtre », 1995), L’eau de la vie (école des loisirs, « Théâtre », 1999), La vraie fiancée (Actes Sud, « Heyoka jeunesse », 2009) et L’amour vainqueur (Actes Sud Papier, « Heyoka jeunesse », 2019).

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Parler sans-abris à Paris

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Une rencontre avec Sophie-Bordet-Pétillon et Xavier Emmanuelli

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Le mardi 4 juin 2019, dans le cadre des animations initiées par le CRILJ, Sophie Bordet-Pétillon et Xavier Emmanuelli ont rencontré, à la Médiathèque Marguerite Duras (Paris), les élèves de trois classes de CM1.

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     Sophie Bordet-Pétillon a d’abord présenté l’ouvrage Le petit livre pour parler des sans-abris, (Bayard jeunesse, 2018). Elle a expliqué comment et pourquoi il était né. Elle a aussi parlé de la façon dont elle avait travaillé avec Xavier Emmanuelli. Puis très vite, les enfants ont été invités à poser des questions. Ayant été sensibilisés au préalable par leurs enseignants, leurs questions furent motivées et pertinentes.

    Xavier Emmanuelli a renvoyé souvent les enfants à la réflexion pour qu’ils trouvent d’abord par eux-mêmes des éléments de réponse. Il y a eu, au cours de cette rencontre, une belle interactivité. Xavier Emmanuelli a également beaucoup insisté pour renverser ou expliquer certains aprioris négatifs qui peuvent exister sur les sans-papiers.

    La rencontre qui a concerné cinquante-cinq enfants a duré une heure trente. Elle fut très riche et il s’est dégagé de ces deux personnalités invités une belle complémentarité et une grande envie de transmettre et de faire réfléchir sur ce sujet sensible. De l’avis des organisateurs, ce fut « une grande leçon de raisonnement, de générosité et d’humanité, qui restera comme une des belles rencontres ayant eu lieu à la Médiathèque Marguerite Duras. »

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.Sophie Bordet-Pétillon est journaliste de formation, elle fut directrice du journal d’actualité pour les 10/14 ans, Mon quotidien, pendant plus de 10 ans. Elle conçoit des livres documentaires, des cahiers d’activité et des livres-jeux avec le souci de donner aux enfants et aux adolescents accès à l’information sur le monde et son fonctionnement.

Xavier Emmanuelli, médecin hospitalier, homme politique, est fondateur du SAMU social de la ville de Paris. Président du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées de 1997 à 2015, il est co-fondateur de Médecins Sans Frontières. Parmi ses nombreux ouvrages : Les Enfants des rues (Odile Jacob, 2016)

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Beau travail, Monsieur Boudet !

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Alain Boudet, professeur de lettres, documentaliste, écrivain et poète, est décédé le 24 août 2021. Il avait 71 ans. Il vécut une enfance heureuse, entre la ville où,  chez ses parents, il inventera ses premières histoires avec des jouets miniatures, et la campagne où, avec cousins et cousines, il passe ses vacances à construire des cabanes et à jouer au chamboule-tout dans la décharge municipale. Il suit de studieuses études de lettres qu’il termine par un mémoire sur le regard dans l’œuvre de Paul Eluard. Quand il n’a pas cours, il se fait quelques sous comme magasinier, débardeur et chauffeur-livreur. Alain Boudet fut, pour l’académie de Nantes, coordonnateur en poésie, lecture et écriture. Poste fort rare, juste un peu moins hier qu’aujourd’hui. En 1984, il fonde, avec Serge Brindeau, l’association Donner à voir qui, très active, regroupe poètes, graphistes, peintres, sculpteurs et amateurs de poèmes. Interventions publiques, expositions itinérantes, édition d’anthologies d’abord, de recueils ensuite. La même année, est créée une autre association, Les Amis des printemps poétiques, qui organisera, à La Suze-sur-Sarthe, un festival très apprécié du public et des éditeurs et poètes invités. Auteur d’une trentaine d’ouvrages et soucieux de rapprocher la poésie de ses publics, Alain Boudet aura, sa vie durant, multiplié, dans sa région et au-delà, rencontres et ateliers d’écriture poétique, en milieu scolaire principalement. « Le poème se tient à l’écart et contient la parole / Qui veut le voir et l’entendre doit scruter les mots, attentif au silence, doit suivre la distance, connaître un long voyage, s’enfuir à l’intérieur / Le poème s’offre à qui tend les bras et sourit à qui sait accueillir l’inouï / À qui sait se donner, le poème se donne. » Travaillant volontiers avec des musiciens, Alain Boudet avait écrit, en 1981, avec le compositeur Étienne Daniel, L’Arbre-Chanson, œuvre pour chœur d’enfants qui fit le tour du monde francophone. « La poésie d’Alain Boudet, différant en cela radicalement de celle des ‘poètes de la modernité’, se veut avant tout une poésie de célébration consacrée à la nature, à l’homme, et à l’harmonie qui règne ou devrait régner entre eux. Elle exprime des sentiments de solidarité, d’humanisme, et semble parfois vouloir tout ignorer du mal. » (Michèle Tillard). Quelques ouvrages pour jeunes lecteurs : La Volière de Marion (Corps puce, 1990), Marie-Madeleine va-t-à la fontaine (Rue du monde, 2013 : illustration : Sandra Poirot Chérif), Cherchez la petite bête (Rue du monde, 2018 ; illustration : Solenn Larnicol). Les recueils Carrés de l’hypothalamus (Donner à Voir, 1999 ; illustrations : Yves Barré) et Le rire des cascades, (møtus, 2001 ; illustrations : Michelle Daufresne) ont été sélectionnés par le Ministère de l’Éducation nationale, pour le cycle 2, Quelques instants d’elles (Océanes, 1998 ; illustrations : Luce Guilbaud), pour le cycle 3. Le site personnel d’Alain Boudet, La toile de l’un, régulièrement mis à jour, toujours consultable, est une mine d’informations et de propositions de lecture et d’écriture. « Alain Boudet était non seulement bon poète, mais un homme de grande qualité, vraiment. Disponible, tendrement souriant, généreux et d’une modestie qui n’était pas feinte. » (François David, pour møtus). Nous avions, de nombreuses fois, accueilli Alain Boudet, à Orléans et à Beaugency, pour des ateliers qui aboutissaient, presque toujours, à la publication, en quelques dizaines d’exemplaires, d’un livre presqu’aussi vrai qu’un vrai.

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« Si je suis convaincu d’une chose, après quelques décennies de partage de la poésie avec des publics très variés en âge, aux cultures diverses et aux ancrages géographiques multiples, à l’école, au collège, au lycée, dans les crèches, les centres de loisirs, les centres sociaux, les bibliothèques et autres lieux du livre, c’est que la poésie peut parler à tous, mais que peu le savent. Trop peu. Et qu’il y a nécessité pour ceux qui le peuvent ouvrent des portes vers les poèmes, proposent des voies, conçoivent des ponts qui permettent à chacune et chacun, quel que soit son âge, de découvrir que la poésie est une parole faite pour elle, pour lui. Pour eux aussi. Et il conviendrait de mettre un “s” à “parole” car il est vrai que le poème est d’abord une voix, propre à celui ou celle qui l’écrit, avant d’être une autre voix, propre à celui ou celle qui le lit. » (Alain Boudet, dans le numéro 9 de 2016 des Cahiers du CRILJ)

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TÉMOIGNAGES

    « Évoquer Alain Boudet, c’est surtout, pour moi, revenir au temps passé des tournées, des interventions et animations auprès des élèves, des spectacles. C’est ainsi qu’Alain m’accueillit en tant que documentaliste dans son collège, qu’aussi il m’invita lors de salons et festivals qu’il proposa, à partir de 1984, à La Suze-sur-Sarthe, dont il fit, à l’instar de tant de villages et petites villes, l’une des capitales discrètes de la poésie en France. J’avoue, pour un peu sourigoler malgré la tristesse du moment, que j’avais été impressionné par un entracte-rillettes fort couru lors d’une soirée où était présenté un de nos spectacles en deuxième partie. Et pour rester dans mes souvenirs les plus marquants de ce temps-là, j’ai vu – oui, j’ai vu ! – proposé par les grands d’une école maternelle, une fourmi de dix-huit mètres. Mais si, ça a existé. » (Claude Vercey, pour la revue Décharge)

    « Je ne pouvais imaginer Alain que dans ses lectures d’éditeur, nous donnant à entendre de nouveaux textes que, souvent, pour ma part, je découvrais au Marché de la poésie à Paris. Ainsi nous avons découvert Simon Martin avec Écrits au pied de la lettre, livre qui me reste cher. Avec les éditions Donner à voir, j’ai eu une belle surprise, au-delà du poème, puisque le livre m’invitait à découper et à coller les illustrations en couleurs dans les cadres réservés. C’était Carrés de l’hypothalamus d’Alain Boudet lui-même. [Nous avons] accueilli Alain Boudet, à plusieurs reprises, lors de la Semaine de la poésie. Un poète humble, un homme délicat. Un passeur de poésie qui comprenait parfaitement comment nous naviguions tant auprès des enseignants et des scolaires que du grand public. Nous étions comme frères. Il nous a quitté, tout discrètement. Et nous avons à cœur de faire savoir cette absence qui va enfler dans les jours et les mois qui viennent. Nous avons à cœur de partager notre tristesse. » (Françoise Lalot, pour l’équipe de la Semaine de la poésie de Clermont Ferrand)

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Didier Lévy à Angers

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Le 24 octobre 2019, dans le cadre des animations initiées par le CRILJ, Didier Lévy a rencontré, à Angers, des enfants fréquentant les accueils de loisirs Le Hutreau et Paul Bert.

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    Depuis de nombreuses années, le service Enfance/Éducation de la ville d’Angers, accompagne des actions Livres et Jeux sur les différents temps de l’enfant : TAP, temps péri et extrascolaire.

    Le 24 octobre 2019, Didier Lévy est venu échanger et travailler avec 24 enfants âgés de 7 à 10 ans accueillis en centre de loisirs. Cette journée s’inscrivait dans un projet ambitieux et longuement mûri monté par le service Enfance/Éducation et avec les animateurs du centre de loisirs et Sylvie Douet, médiatrice culturelle en littérature pour la jeunesse. Le projet, centré sur la pauvreté, selon la proposition du CRILJ, et sur le vivre ensemble, a permis aux enfants de participer à différents ateliers citoyens et culturels pendant cinq jours et de rencontrer Didier Levy. Titre de cette action : Et si on jouait aux… journalistes, artistes, lecteurs, invisibles.

    L’auteur s’est d’abord prêté au jeu des questions avec les enfants pour leur permettre de découvrir son œuvre. Les travaux réalisés par les enfants les jours précédents lui ont ensuite été présentés. L’après-midi, il a animé avec eux un atelier d’écriture et de dessin à partir de son ouvrage Jouer aux fantômes (Sarbacane, 2017).

    Pour garder traces de cette semaine et en valoriser les temps forts, un album collectif a été mis en forme à partir des photographies et traces écrites témoignant des différents ateliers vécus pendant la semaine. Réalisé par les services d’imprimerie de la Ville, cet album a été remis à chacun des enfants lors d’un temps partagé Enfants, Parents  organisé à la bibliothèque de la Roseraie le samedi 16 novembre 2019. L’album, trop lourd pour être mis en ligne sur ce site, peut être demandé à Sylvie Douet. Utiliser cette adresse.

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Didier Lévy est né en 1964. C’est à Paris qu’il exerce son métier d’écrivain pour la jeunesse. Ancien journaliste (pour Biba, Notre Temps, Okapi), il s’est vite tourné vers l’écriture de livres pour enfants, avant de s’y consacrer entièrement. Attentif, avec humour et discrétion, à l’épanouissement de ses jeunes lecteurs, il a publié plus de cent ouvrages dont, chez Sarbacane, Angelman (2003), Le tatouage magique(2015), La véritable histoire du grand méchant Mordicus (2015), L’Arbre lecteur (2016). Chez Albin Michel Jeunesse, il est l’auteur, avec Benjamin Chaud, de Piccolo le pénible (2004) et de la série « La Fée Coquillette ». Didier Lévy aime les livres qui sont des voyages, extérieurs et intérieurs, et il cherche en écrivant à retrouver la spontanéité de sa propre enfance.

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Sylvie Douet, titulaire d’un Diplôme d’État d’infirmière et d’un Master Sciences de l’Éducation et de la Formation, a occupé des fonctions à l’hôpital, en milieu scolaire et dans l’éducation populaire, notamment à la Ligue de l’enseignement. « Dans ces différents contextes, j’ai travaillé avec des professionnels et des bénévoles issus d’horizons variés. De ces rencontres, j’ai beaucoup appris, utilisant dans le cadre de mon activité le livre pour enfants. Aujourd’hui, forte d’une vingtaine d’années de fréquentation de la littérature jeunesse, je suis formatrice indépendante et je conduis de nombreux projets culturels et éducatifs dans les domaines de la formation et de la médiation, toujours en lien avec la littérature de jeunesse. »

Rolande Causse à Paris

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Les mercredi 3 avril, vendredi 12 avril et mercredi 17 avril 2019, Rolande Causse a animé trois ateliers d’écriture au collège Jean de La Fontaine, à Paris, dans le seizième arrondissement.

    L’atelier s’inscrivait dans dans le cadre d’un projet conçu avec la professeure de lettres, Madame Laurence Legrand, pour les élèves d’une classe de 6ème et d’une classe de 3ème.

    La première étape  est consacré à une courte présentation de l’auteure, à une remise en contexte et à la lecture questionnée et commentée d’ouvrages puisés dans les sélections proposées par le CRILJ dans la brochure, La pauvreté dans la littérature pour la jeunesse : fictions et réalités : La petite filles aux allumettes, conte d’Hans-Christian Andersen illustré par Georges Lemoine (Gallimard jeunesse, 1978), Le mendiant de Claude Martingay illustré par Philippe Dumas (La joie de lire, 2003), Les petits bonhommes sur le carreau d’Olivier Douzou et Isabelle Simon (Gallimard jeunesse, 1998), P’tite mère de Dominique Sampiero illustré par Monike Czarnecki (Rue du monde, 2003).

    Dans la seconde étape, les élèves sont invités à « prendre le stylo » pour écrire à partir de l’imaginaire ouvert.par les lectures et les échanges. Le lancement de cette phase d’écriture s’est fait à partir des sensations, des idées, des images suscitées par la proposition d’écrire une lettre à un mendiant ou à un SDF.

    Une cinquantaine d’élèves ont ainsi été accompagnés par les propositions de l’auteure dans une réflexion sur des situations graves ou touchantes Le travail d’écriture engagé en atelier, très encourageant, a été poursuivi par l’enseignante durant le temps de classe.

    Les réponses au questionnaire que des membres du CRILJ ont fait passer à de nombreux enfants ont mis en lumière que, dans les milieux socioculturels les plus favorisés, les élèves tirent rapidement bénéfices des propositions qui leur sont faites car ils sont plus familiers du questionnement et de la mise à distance face à des sujets délicats comme celui de la pauvreté.

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Rolande Causse, écrivaine et formatrice, auteure de poèmes, d’albums et de romans, de livrets d’opéra, a fondé en 1975 La Scribure, association qui se consacre à la pratique des ateliers de lecture-écriture et à la promotion de la littérature pour la jeunesse. Elle est à l’origine du premier Festival Livres–Enfants–Jeunes qui deviendra le Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis.

Lire le théâtre en famille

 

Compte-rendu un peu ancien, mais les initiatives de l’association Les Scènes appartagées vont pouvoir reprendre.

   « Le théâtre, ça se lit à voix haute, avec d’autres, et devant tout le monde « , conclut Philippe Dorin au terme d’une manifestation unique en son genre : une lecture en famille. Les Rispail, qui nous reçoivent dans cette coquette maison de brique rouge participent à une opération orchestrée par Les Scènes appartagées. Cette  association propose à des familles de lire du théâtre sous la direction d’un auteur devant amis et connaissances invités chez eux pour l’occasion.

  Trois répétitions ont suffi à Philippe Dorin pour mettre au point une demi-heure de lecture : deux courtes visites, puis une dernière séance juste avant la représentation. Entre temps, les membres de la famille ont travaillé le texte ensemble. L’auteur leur a proposé un montage d’extraits tirés de  Sacré Silence, Ils se marièrent et eurent beaucoup, Dans ma maison de papier  j’ai des poèmes sur le feu. Une quarantaine de personnes de tout âge a assisté à cette rencontre conviviale et a pu apprécier cette poésie rieuse avec une langue riche en jeux de mots et clins d’œil, défendue ici avec justesse par la grand-mère, le père, la mère et les trois enfants dont le plus petit, encore en C.P. Plaisir partagé entre lecteurs et public quand le grand frère et la jeune sœur se donnent la réplique : « L’amour c’est pas compliqué. Soit t’es un garçon, soit t’es une fille. Si t’es un garçon, pas de problème. Si t’es une fille, c’est un peu plus difficile. » (rires)

   On a pu ensuite échanger avec l’auteur et les lecteurs, autour d’un verre, en dégustant des pâtisseries apportées par les invités. On mesure alors que la littérature théâtrale est à la portée de tous et se laisse facilement appréhender, à condition d’y avoir accès. Peu de librairies ou de bibliothèques disposent d’un rayon théâtre, dans les grandes villes comme dans les petits bourgs.

    Apporter la littérature dramatique dans les endroits reculés, tel est le pari des Scènes appartagées qui irrigue l’Hexagone de pièces contemporaines : de Marseille à Paris en passant par Cavaillon ou Saran. Une vingtaine d’auteur(e)s participe à l’opération, à commencer par Luc Tartar, initiateur avec Sandrine Grataloup de ce projet qui, depuis sa création, en 2013, au Festival Petits et Grands de Nantes, a pris de l’ampleur pour essaimer jusqu’en Suisse, à l’Île de la Réunion ou encore en Pologne, Norvège et Guinée-Conacry. Il vient de recevoir le Grand Prix de l’Innovation Lecture.

    L’association s’appuie sur des théâtres partenaires. A eux de solliciter les familles et de faire le lien avec les artistes. Le Centre André Malraux, Scène de territoires d’Hazebrouck s’intéresse aux écritures contemporaines et, avec une programmation tout public, s’inscrit assez naturellement dans ce dispositif.  Pour la seizième édition de son festival  Le P’tit monde, il a sollicité Philippe Dorin et l’Anglais Mike Kenny : chacun est intervenu dans deux familles. L’un comme l’autre avouent avoir pris plaisir à cet exercice inédit : « Un rapport direct s’instaure entre notre écriture et ses lecteurs mais, curieusement, j’ai senti les enfants plus à l’aise que leurs parents », confie Mike Kenny dont Le Jardinier été créé lors de ce festival, mise en scène par Agnès Renaud.

    Philippe Dorin, lui, souligne l’appétit des familles pour ce genre de rencontres et a envie de poursuivre l’expérience.

par Mireille Davidovici  (Théâtre du blog, 2019)

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Mireille Davidovici travaille plusieurs années dans l’édition en qualité de traductrice et de directrice littéraire. Elle collabore à Marie-Claire, Politique Hebdo, L’Express, Théâtre Public, puis elle s’oriente vers la scène comme dramaturge, collaborant avec Gilberte Tsaï, Jean Benguigui et les Fédérés. Parmi ses adaptations, On achève bien les chevaux, d’après Horace Mac Coy. Sa pièce La moitié du Ciel traite de l’intégrisme catholique au IVième siècle. Auteure de poésie et de chansons, Mireille Davidovici a dirigé pendant quinze ans l’ANETH, association se consacrant aux nouvelles écritures théâtrales. Elle a publié, en 2006, chez Emile Lansman, Des auteurs en résidence, à lire et à jouer. Elle écrit régulièrement sur le site Théâtre du blog. C’est ici.

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Merci à Mireille Davidovici pour ce partage.

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BONUS

Le Théâtre de la Tête Noire à Saran a invité un auteur cinéaste à suivre le projet Lire et dire le théâtre en famille(s). Thierry Thibaudeau, réalisateur, s’est emparé de cette proposition, afin de créer un objet unique, sensible et singulier. Cette œuvre cinématographique permet la visibilité de ce projet “intimiste”, de garder une trace de l’éphémère et créer un lien entre les familles participantes en les inscrivant dans une dynamique commune. Le film est ici.

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Une maternelle à Paris

 

En janvier et février 2019, dans le cadre des animations impulsés par le CRILJ, des lectures et des débats à l’école maternelle Constantin Pecqueur à Paris.

    Des contacts ont eu lieu entre la directrice de l’école maternelle Constantin Pecqueur et une administratrice du CRILJ. La brochure La pauvreté dans la littérature pour la jeunesse : fictions et réalités a été distribuée aux enseignantes de l’école et sa lecture a convaincu les trois maîtresses de grande section de se lancer dans un projet sur ce thème.

    Les enseignantes et la directrice ont fait le choix de ne pas solliciter d’auteur ou d’illustrateur mais de mettre en place des ateliers de lecture/débat en puisant dans les sélections du CRILJ. Elles ont retenu La Cabane et Musiciens des rues, albums de Gabrielle Vincent de la série « Ernest et Célestine ». Ces ouvrages ont été fournis aux classes par le CRILJ.

    Proche de la représentation que les enfants peuvent spontanément se faire de la pauvreté, cette situation, après plusieurs lectures de l’ouvrage, a donné lieu à des échanges sur ce qu’est que la pauvreté dans le livre, mais aussi dans la vie, sur ce que des familles, des jeunes, des personnes âgées peuvent avoir à affronter au quotidien. A partir de l’exemple d’Ernest et Célestine quels choix font-ils pour tenter résoudre les problèmes qui se posent ?

    Les élèves ont retrouvé avec plaisir les deux héros dans La cabane. Cédant au désir de Célestine, Ernest accepte de lui construire une cabane au fond du jardin. A peine celle-ci terminée, Célestine découvre qu’un intrus y a pris ses quartiers. Il faudra toute la diplomatie et la gentillesse d’Ernest pour lui expliquer ce qu’est un sans-abri et l’empêcher de le chasser. Les élèves se sont immédiatement identifiés à Célestine et se sont retrouvés dans ses revendications pour récupérer « sa » cabane.

    Les arguments d’Ernest ont été repris et débattus, analysés pour que l’émotion change de camp en prenant en compte la situation d’une personne totalement démunie. Les mots et les images ont donné toute leurs dimensions a la générosité et à l’écoute de l’autre.

    Les élèves des trois classes, venant souvent de milieux défavorisés, ont été séduits par Ernest et Célestine qui, au travers de situations simples et souvent familières, parlent très bien des choses graves de la vie. Ils ont souhaité découvrir les autres histoires d’Ernest et Célestine. Les maîtresses leur ont aussi lu d’autres ouvrages, des contes et des albums, sur le thème de la pauvreté…