Siffler la fin du match avec Michel Pastoureau

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« Pour l’époque féodale, gagner n’est pas une vertu et c’est même un petit peu ridicule »

    Historien spécialiste de la symbolique, de l’héraldique, du bestiaire et des couleurs, Michel Pastoureau, directeur d’études émérite de l’École Pratique des Hautes Études (EPHE), nourrit une autre passion : celle du sport. Des couleurs des maillots aux statistiques de l’athlétisme, en passant par le bestiaire du sport, il nous emmène tous au stade.

    Du maillot jaune aux pelouses vertes, en passant par les bandes blanches, sport et couleurs sont indissociables. Elles permettent de distinguer les athlètes, de hiérarchiser certaines épreuves et d’emblématiser les résultats. Il n’est pas étonnant que le grand historien des couleurs Michel Pastoureau s’intéresse à leur usage symbolique dans le sport. « Si on fait un bilan sur 150 ans de sport moderne, le blanc est de très loin la couleur la plus portée sur les terrains de sport, notamment à cause du sport féminin, pour des raisons sociologiques. Pendant longtemps, être vu en train de transpirer est infamant, spécialement pour une femme. Les femmes qui pratiquent du sport, même [pour le] loisir, ne doivent absolument pas être vues en train de transpirer », observe l’historien. Il faut attendre le développement de la machine à laver pour que les maillots de couleur se multiplient.

    C’est pourtant bien plus tôt, enfant dans les années 1950, que Michel Pastoureau développe une passion pour la performance et les résultats sportifs. Il consigne les statistiques du cyclisme – vouant une grande admiration pour l’Italien Gino Bartali – puis ceux de l’athlétisme, courant lui-même pour un club étudiant. Élève à l’École nationale des chartes, il dissimule, comme plusieurs camarades, sa passion pour le sport. Ce n’est que plus tard qu’il milite pour que le sport soit considéré comme un fait social majeur que l’histoire doit traiter, à l’instar de l’alimentation et du vêtement.

(vendredi 28 juin 2024)

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Pour écouter en intégralité l’entretien de Michel Pastoureau avec Xavier Mauduit, c’est ici, sur France-Culture, dans Le Cours de l’histoire.

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