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Deuxième partir du verbatim de la rencontre, à Moulins, le samedi 28 septembre 2019, avec Blexbolex, Gilles Bachelet et Joanna Concejo, décrypté par Hélène Brunet, adhérente de la section régionale du CRILJ/Midi-Pyrénées.
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Blexbolex, j’aimerais que l’on parle de Nos vacances qui est un album sans texte qui raconte les vacances bousculées, pour le moins, d’une petite fille par un personnage encombrant un éléphant, tiens donc encore un personnage du bestiaire ! (rires par rapport à la projection) Ce sont de bons acteurs effectivement. Alors, tous tes livres ont plusieurs niveaux de lecture, on peut déjà parler des imagiers sur la manière dont tu les as construits, mais là peut être plus encore. Alors, avant de parler des références ou de la manière dont les choses se sont empilées, est-ce que tu peux déjà raconter comment tu en es venu à cette forme narrative extrêmement particulière, hybride ?
Blexbolex – Je vais essayer. Je crois que c’était extrêmement difficile pour moi de faire quelque chose d’entièrement nouveau après avoir fait les imagiers. Comme le dernier imagier que j’ai fait, qui s’appelle Romance, c’était déjà sur la narration, j’essayais de constituer la narration par l’image ; c’était à peu près l’idée. Je ne sais plus ce que j’étais en train de raconter…
C’était un projet qui a mis combien de temps ? Comment ça commence ?
Blexbolex – Très longtemps… Comment ça commence, je vis de ça. Je suis amoureux d’une idée et là, en l’occurrence, c’était encore des personnages. J’ai fait une affiche où on voyait une petite fille avec une robe démodée en train de faire une sorte de révérence, entre la pirouette et la révérence. Pour équilibrer l’affiche, j’avais fait un minuscule éléphant. Et j’avais envie d’utiliser ces personnages dans une sorte d’histoire. Ce sont ces deux personnages qui m’ont donné l’idée de ce livre. Donc, là ce sont des personnages qui me mènent à un récit. J’essaye de copier ces anciens livres scolaires où les choses étaient présentées par planches comme ça, c’est une affinité avec la bande dessinée. Quand j’étais gamin, je regardais ces livres scolaire et j’imaginais tout le temps qu’ils étaient en train de me dire quelque chose que le maître ne disait pas. Alors, je regardais, je me distrayais et j’oubliais que j’étais dans une classe. Et je regardais ça, et j’essayais de comprendre l’espèce de message secret un peu bizarre que ces planches éducatives étaient en train de me dire. Donc, j’ai fait des essais de mise en page avec des personnages, etc. La narration est un peu rude, un peu difficile, ce qui fait que je me suis rapproché d’une forme plus proche de celle de la bande dessinée dans ce livre. Mais j’ai gardé cette idée de planche parce qu’à l’ouverture du livre, quand on tombe sur une double page, où la scène principale est racontée, et la narration est distribuée sous forme de vignette. J’ai été aidé par un autre livre de Richard McGuire et qui a à peu près ce genre de disposition mais dont la narration ne fonctionne pas de cette façon-là. Elle est par couche. Moi, j’avais envie de mettre vraiment de l’ordre dans une grammaire narrative sur ce dispositif de double page.
Le fait est que tu as des vignettes qui vont décomposer une action, revenir dans le temps, se projeter sur la page d’après. Le temps se lit dans cette décomposition d’images.
Blexbolex – Oui, ce qui m’intéressait, c’est d’être dans des pontages. On est dans une scène et il y a une petite scène qui se joue à côté et d’une petite image peut naître la double page suivante. Donc, c’est comme si on faisait des zooms et des dé-zooms à l’intérieur de ces différentes successions d’actions.
Alors, tu citais Richard Mcguirre qui fait un travail parallèle. Est-ce qu’il y a d’autres références sur ce livre-là ? Parce que pour Maître chat, on n’en a pas parlé, mais tu as mis plein de petites affiches sur les palissades. Elles pouvaient avoir été découpées depuis des timbres-poste, depuis toute une culture : soit constructiviste, soit bouts de papiers venus de l’Est. Enfin, je ne sais pas exactement. Et là, dans ce jeu des références, comment ça s’est construit pour Nos vacances ?
Blexbolex – Là, j’ai investi et une fois que j’ai ça, je pense à d’autres articulations, à d’autres scènes et là c’est plus du côté de la littérature. C’est un auteur japonais, c’est Kenji Miyazawa. Ce sont deux histoires qui sont venues nourrir mon récit ; c’est-à-dire que la partie qui se trouve dans le train vers la fin du livre, la scène de rêve vient d’une nouvelle de Miyazawa en tous cas pour le contexte. Après, pour le récit, c’est quelque chose de différent. Mais, sur le contexte, je me suis appuyé sur cette nouvelle. Elle s’appelle Traversée de la nuit, je crois. Et pour écrire la scène de la fête de village un peu bizarre, c’est encore une nouvelle de Kenji Miyazawa et ça s’appelle Place de Pollano. Mais ça s’est mélangé avec un souvenir personnel que j’ai pu reconstituer en moins de pages parce que je l’avais déjà vécue. Ce livre-là, c’est un mélange de souvenirs personnels et de nouvelles qui m’aident à poser la dramaturgie. Et après, c’est nourri de paysages que j’ai croisés soit en vacances, soit en d’autres occasions. C’est des chassés-croisés, c’est une sorte de collage aussi ce livre.
C’est une sorte de collage effectivement. Gilles, peut-être qu’on pourrait aborder maintenant le rôle de la mise en page. Dans tes livres, il y a une grande unité graphique, typographique même, souvent des blancs-tournants, souvent des couvertures construites un petit peu de la même manière. Est-ce que tu peux nous dire un mot de la relation que tu avais avec Patrick Couratin qui a été directeur artistique des éditions Harlin Quist ? J’imagine que c’est le moment où vous vous êtes rencontrés…
Gilles Bachelet – Absolument, oui.
Et Patrick Couratin, qui a été directeur artistique d’Okapi, qui a aussi commis plein d’albums au Seuil en tant que directeur artistique, est-ce que tu peux nous raconter un petit peu quelle était votre relation et comment il a influé au tout début tes albums, puisque le premier sur Le Singe à Buffon a été fait avec lui.
Gilles Bachelet – Moi, je ne suis pas graphiste, je n’ai pas de formation de graphiste. Donc pour moi c’était vraiment une aide d’avoir quelqu’un qui puisse avoir des choix typographiques, des choix de mise en page. En même temps, le système de narration que j’utilise, amène ça. Mais Patrick l’avait perçu. La présence du blanc, ça je pense que ça vient de lui. Les typographies qui sont pratiquement, enfin maintenant je change, j’ai un petit peu changé maintenant …
Oui, de temps en temps, les quelques exceptions.
Gilles Bachelet – C’est vrai que les premiers albums sont sur les mêmes typo ; ça c’est sous son influence bien sûr.
Est-ce que dans ces constructions d’albums vous échangiez ou est-ce que dans la narration les choses ont été très claires pour toi tout de suite ?
Gilles Bachelet – On a échangé, d’autant plus que j’ai squatté un coin de ses locaux pendant plusieurs années. Donc, on était à proximité l’un de l’autre, on déjeunait ensemble, etc. Donc, c’était une immersion permanente, un rapport assez privilégié qu’on peut avoir avec un éditeur que je ne pourrai jamais avoir avec quelqu’un d’autre.
C’est sûr ! Encore que tu peux venir t’installer au Seuil, trouver une petite place…
Gilles Bachelet – Je ne sais pas ; ce n’est pas le même genre de structure.
Ce n’est pas le même univers. Dans la manière dont tu construits tes histoires, est-ce que tu développes ce que tu retiens dans des carnets ? Comment les choses se construisent ? Je sais que tu as une très grosse activité sur Facebook. Pour moi, ça prend peut-être la suite de ton travail de presse parce qu’il y a quelque chose comme ça de la réaction dans l’instant, un jeu de ping-pong avec ce qui vient. Comment les choses se construisent ?
Gilles Bachelet – Je pars souvent de l’idée. Je ne suis pas un dessinateur sur le motif, je ne fais jamais de croquis ou de choses comme ça. Je commence à dessiner à partir du moment où j’ai une idée, plutôt de mémoire, avec de la documentation aussi. Donc, mes carnets de croquis ne sont que des carnets de recherche. Ce ne sont pas des croquis au sens strict du terme. Facebook, ça a été une découverte pour moi parce que a priori je n’avais rien qui m’amenait spécialement à m’intéresser aux réseaux sociaux. J’avais d’ailleurs une page Facebook dont je ne me suis pas occupé pendant des années. Un jour, j’ai mis un dessin et il y a eu une réaction tout de suite, et j’ai trouvé ça très stimulant cet échange immédiat. Donc, c’est devenu un petit laboratoire de travail avec beaucoup de perte de temps, évidemment. Mais, en même temps, c’est une espèce d’émulation, comme je suis un gros feignant… Cette motivation de faire un dessin pour le mettre sur Facebook, pour avoir des retours directement. Je me déculpabilise un peu en me disant qu’il y a des choses que j’ai faites sur Facebook qui sont devenues après des albums.
Dis-nous peut être comment la machine s’est inversée ?
Gilles Bachelet – Par exemple, le petit album Les coulisses du livre jeunesse qui est paru à l’Atelier du poisson soluble est à l’origine une série de dessins qui n’avait pas du tout l’intention d’être un album. C’était juste des dessins postés sur Facebook.
Tu vois cette continuité avec le dessin de presse, enfin dans le rythme.
Gilles Bachelet – Sûrement, mais, en même temps, je n’ai jamais fait de dessin de presse quotidienne. J’ai toujours fait de la presse magazine, donc je n’ai jamais été…
C’était pour Marie-Claire. C’est ça ?
Gilles Bachelet – Beaucoup de presse féminine, de la presse scientifique, de la presse économique, j’ai fait beaucoup de périodes différentes, et puis, beaucoup de presse jeunesse aussi, mais jamais dans ces délais de quotidien. Donc, ça c’est plutôt une nouveauté pour moi. Ce qui est assez drôle c’est que quand on se met comme ça, à mettre un dessin sur Facebook, on essaye d’en mettre un tous les jours, on se met une pression soi-même comme si on se faisait la commande soi-même. Et moi qui ai tout fait pour éviter la commande, en faisant de l’enseignement justement pour arrêter d’être tributaire des commandes de presse. Je recrée une espèce de commande artificielle.
Joanna, le lien avec l’imprimerie est encore un petit peu différent pour toi. Là, je parlais, on a dévié, de la mise en page du blanc tournant etc. Là, ce qui me frappe dans l’exposition, si je prends Une âme égarée par exemple dont on voit des originaux à Moulins ; c’est que tu aimes travailler sur des papiers qui ont déjà vécu, qui sont déjà là, recyclés en quelque sorte. Ceux d’Une âme égarée, c’est un cahier à carreaux, bouffé par l’acide, on peut dire ça, sur lequel tu as travaillé. Comment est-ce qu’on dessine sur ces matériaux qui ont l’air d’une très grande fragilité, d’une très grande précarité ?
Joanna Concejo – Il faut s’adapter à chaque fois. En général, les papiers que j’utilise sont vieux. Ils ne sont pas de bonne qualité. Donc, forcément, ils ne réagissent pas bien au temps qui passe. Concernant ces papiers à carreaux d’Une âme égarée, c’est ma fille qui m’a emmené ce cahier et quand j’ai eu le texte et quand j’ai enfin trouvé l’idée comment j’allais m’y prendre, j’ai dit : « C’est génial, il va me servir maintenant ! ». Mais, c’était affreux, en fait ! Déjà, je l’ai collé sur quelque chose de plus rigide parce que quand j’ai commencé le premier dessin, sans coller cette feuille sur autre chose. J’ai fait un trou. Alors, je me suis dit : « Bon, d’accord, il faut les coller et y aller doucement. » J’ai été obligée d’adapter le crayon à l’exigence de ce papier. A chaque fois, je m’adapte. Je les aime tellement que ça ne me dérange pas de m’adapter. Vraiment, je suis tête de mule, je me dis : « Même si je ne peux pas, je veux dessiner dessus ! » C’est beaucoup l’histoire de m’adapter, mais je suis faite comme ça moi, j’aime bien faire avec ce qu’il y a. C’est pour ça que j’aime bien le travail avec ces papiers. A la fin de ce livre-là, j’ai écrit dans mon carnet de croquis de recherche, le livre suivant sera fait sur du bon papier et sera simple ! (rires) Une promesse pour moi que je n’ai pas respectée…
Le livre suivant, c’est Ne le dit à personne, on est d’accord ?
Joanna Concejo – Oui, donc on va dire que ça va être encore le prochain.
C’est encore un livre à venir de travailler sur du papier neuf.
Joanna Concejo – Neuf, ou au moins, moins capricieux.
En tout cas, quand on regarde tes livres, il y a cette grande continuité qui est donnée par ces papiers usés, cornés. Il y a quelque chose comme ça d’une nostalgie des vieux papiers. Il y a aussi une grande cohérence d’un livre à l’autre.
Joanna Concejo – Oui, mais il existe des livres qui ont été faits sur du papier que j’ai acheté au magasin ! (rires) Un prince à la pâtisserie a été fait sur du papier neuf, de bonne qualité. Ça me plait assez car je ne suis pas en train d’alimenter l’usine de consommation. Je récupère les papiers. Non, ça ce n’est pas ma première pensée. Ma première pensée, c’est une affection particulière. Ils me plaisent ces papiers. Et puis, il n’y en a pas deux au monde qui soient pareils. C’est à chaque fois un exemplaire unique.
On ne peut pas éviter ce rapport à la chose imprimée. Ce serait difficile te concernant, surtout avec cette formation de sérigraphe. Tu as d’abord pratiqué le métier comme ça. Si je prends Nos vacances, on est effectivement sur un livre avec des codes particuliers de cette petite reliure collée comme un livre ancien, presqu’un livre scolaire dont on parlait tout à l’heure du côté un peu sali de Maître Chat.
Si j’en viens aux imagiers, est-ce que tu peux nous expliquer un peu comment ce travail de sérigraphie s’est mis en place parce que c’est très différent entre L’Imagier des gens avec Saisons et avec Romance. Est-ce qu’on peut rentrer un peu dans cette sérigraphie virtuelle puisque tout est fait sur ordinateur ?
Blexbolex – C’est compliqué. Oui, j’ai été imprimeur, donc, on s’habitue à la décomposition de l’image en couleurs simples. C’est à dire que pour pouvoir imprimer, en tout cas en sérigraphie, des images comme celles de L’Imagier des gens, on pense en trois formes bien distinctes : celle du bleu, celle du rouge et celle du jaune. Et, c’est assez instinctif. J’ai commencé à dessiner les personnages sur les couches sur Photoshop. Et, donc, j’ai dessiné la partie rouge et, après sur la couche de bleu, j’ai dessiné la partie bleue ; et puis, je revenais sur la couche de rouge pour corriger. Et, comme ça, peu à peu, je montais les personnages de cette façon-là. C’est comme si, sur l’ordinateur, je faisais le même travail que ce que je faisais sur les films auparavant quand je faisais de la sérigraphie traditionnelle. On employait une sorte de gouache opaque qui était marron et, sur la table lumineuse, c’était beaucoup plus mental car on était obligés de se dire ça c’est du rouge, ça c’est du bleu, ça c’est du jaune. Donc, on passait d’un film à l’autre ; on enlevait, on corrigeait ce qu’il y avait dessus. C’est exactement ce que j’ai fait sur l’ordinateur.
Et qui a été, ensuite, reproduit, enfin, imprimé.
Blexbolex – Oui, comme c’est du ton direct, c’est vraiment… On est très proche de la logique de l’estampe ; c’est-à-dire que là, ce sont des couleurs pures, ce n’est pas de la reproduction en quadrichromie.
Alors, avec Saisons et avec Romance, peux-tu nous raconter comment tu as repoussé le curseur un peu plus loin ?
Blexbolex – Avec Saisons, je voulais garder la même simplicité que L’Imagier des gens, c’est-à-dire utiliser trois couleurs. Sauf que là, j’avais un problème, je n’avais que trois couleurs pour quatre saisons. (rires) Ça commençait à devenir compliqué et je me suis dit : « Espèce d’idiot ! Tu as le blanc du papier ! C’est parfait pour l’hiver ! » Ce qui m’a permis de trouver mes dominantes. Donc, j’avais le vert pour l’été : la superposition du bleu et du jaune, etc, etc. Donc, je me suis donné des dominantes par saison. Et après, comme cela ne suffisait pas, parce qu’il fallait donner beaucoup plus d’ambiance. Pour L’Imagier des gens, on pouvait se le permettre parce que c’est un peu théorique, on va dire. Il peut se permettre d’être plat sur les aplats. (rires) Sur Saisons par contre, en couleurs pures, je dispose de sept tons, les trois couleurs principales et le vert, le violet, le orange même si on ne le voit pas très bien, le marron qui est la superposition des trois et le blanc du papier. Donc, huit couleurs, et ça ne me suffisait toujours pas pour expliquer des cieux clairs par exemple, pour mettre les teintes sur un fruit, etc. Donc, j’étais obligé de casser les couleurs et donc de mettre de la trame dedans, de la matière. C’est, en cassant les couleurs, que là, par contre, j’obtenais beaucoup beaucoup plus de teintes. Et, c’est pour ça que l’aspect visuel est très différent du précédent. Et, quant au dernier, Romance, là je me suis souvenu des albums imprimés que j’ai eu quand j’étais petit. Donc, puisque je suis parti pour tramer mes images, je vais reprendre une trame mécanique. Et ça m’a permis, également, d’imprimer ce livre en trois couleurs. Mais avec une gamme encore plus étendue que celle de Saisons. J’ai fait des essais avec des images beaucoup plus simples, on voyait des aplats, des zones, etc. Mais je me suis rendu compte que pour évoquer le conte, il fallait plus aller dans des petits tableaux, vraiment de la vignette. Et que le côté très théorique des aplats ne collait absolument pas à ce livre. Donc, j’ai vraiment fait des essais parce que j’ai vu le nombre de pages arriver. Je me suis dit, je ne vais pas y passer deux ans… Et puis, en fait, si ! C’est comme ça ! On joue, on perd ! (rires)
On joue, on gagne en tant que lecteur, merci ! Parce que là, le jeu est d’une complexité incroyable. Peut-être une dernière question, là on voit ce rapport à l’imprimerie, comment dire, cette histoire du livre imprimé qui se lit dans tes livres. Tu réponds aussi à des commandes, tu fais aussi un travail de presse. Est-ce que tu peux nous en dire un mot ? Est-ce que c’est juste ? Parce que là, on a vu quelques images. (projection) Est-ce que c’est vécu pour toi comme une interruption ? Ou est-ce une routine quotidienne ? Est-ce que c’est un laboratoire comme …
Blexbolex – Économiquement !
Oui, économiquement !
Blexbolex – Autant dire les choses.
Autant dire les choses …
Blexbolex – Après ça dépend de quoi il s’agit… Il y a des travaux d’illustration qui sont des interruptions qui sont très bien parce que les livres c’est un travail long et solitaire. Et les commandes, généralement, on a un calendrier, ce dont tu parlais tout à l’heure et ça met une certaine pression. Ça oblige l’illustrateur à résoudre des problèmes très rapidement. Donc, ça dépend de quoi il s’agit évidemment. Là, je parle plutôt pour la presse. Mais, pour une affiche, on peut disposer d’un temps un peu plus long, ce qui permet éventuellement de réfléchir ; ce qui n’est pas toujours une bonne chose d’ailleurs. Et j’aime bien en lisant un article, ou même en… j’aime bien avoir l’image très vite dans ma tête et passer à la réalisation, le plus rapidement possible. Il faut vraiment que la lecture de l’article produise tout de suite un instantané et j’essaye de faire un dessin le plus proche de l’image mentale sur ce travail d’illustration commercial.
Joanna, tu as toute une partie de ton travail qui ne finit pas dans un livre qui ne commence pas dans un livre dont on peut voir quelques planches ici à Moulins. Est-ce que justement ce sont des moments qui s’intercalent entre les livres ou est-ce que c’est tout le temps en continu ? Parce que ce qu’on peut voir, c’est qu’il y a une très grande proximité entre tes images hors les livres et celles des livres. Est-ce que ça vient en continu, est-ce que c’est un jeu de ping-pong ou est-ce qu’il y a des moments où tu fais un break dans les livres et tu dis : « Voilà, je fais une série pour moi indépendamment ? »
Joanna Concejo – Ça peut être très différent et ça peut être très irrégulier surtout. Ça peut être parfois aussi des commandes ou alors des réponses à quelque chose de précis, parfois ce sont des continuations de livres que j’ai fini, par exemple. Si j’ai encore quelques idées et que j’ai envie de les faire, il existe des images comme ça à la suite du Petit Chaperon rond rouge. Certaines images sont apparues après un livre qui s’appelle Un pas à la fois. Voilà ! Ce n’est pas beaucoup d’images ; ça peut être une, deux ou trois, puis je me dis, quand j’aurai le temps, j’en ferai d’autres et puis je ne le fais pas. Ça s’arrête parce que je commence le travail sur un autre livre.
Alors, il y a les images qui poursuivent le travail, et puis, il y a les images qui précèdent, Gilles est-ce que tu peux nous dire un mot du Casting qu’on va voir arriver bientôt ?
Gilles Bachelet – Le Casting, c’est un petit album qui vient de dessins sur Facebook et qui n’était pas prévu pour faire un album. Et quand on a pensé à faire ce coffret de l’intégrale des albums du chat, on avait pensé au départ faire un album bonus avec des croquis, des esquisses, des dessins qui n’avaient pas été utilisés etc. J’ai trouvé que ça faisait un peu fond de tiroir et je me suis dit que plutôt que faire ça autant faire une série complète et reprendre cette série que j’avais commencé sur Facebook. Je l’ai donc complétée avec le principe du casting. Les personnages de mes albums précédents vont se réunir, vont former un jury et vont faire passer un casting à toute une série de candidats pour choisir qui sera le personnage du prochain album.
Et tu vas t’y tenir ?
Gilles Bachelet – La suite est déjà dévoilée … On sait !
(applaudissements nourris)
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Hélène Brunet habite et travaille dans le Volvestre, territoire rurbain au sud de Toulouse. Elle est enseignante dans le 1er degré et a, cette année, une classe de cours préparatoire. Elle a toujours intégré la littérature de jeunesse dans sa pratique pédagogique et a réalisé plusieurs classes lecture à la Salle du Livre du CADP de Rieux Volvestre. Elle est depuis deux ans adhérente au CRILJ/Midi-Pyrénées où elle occupe le poste de trésorière adjointe. Elle s’est investi dans les projets menés par le CRILJ au plan national, notamment, en 2019, celui autour des représentations de la pauvreté en littérature de jeunesse. C’est une fidèle des rencontres avec les auteurs-illustrateurs qu’invite le CRILJ/Midi-Pyrénées Elle apporte son concours, en 2020 et 2021, au projet Habiter. Hélène Brunet est l’une des quatre boursières ayant bénéficié d’un « coup de pouce » du CRILJ à l’occasion de la cinquième Biennale des illustrateurs de Moulins.
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Photos : André Delobel
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