Un pionnier de la presse jeunesse
Fernand Bouteille vient de nous quitter au début mai.
Il avait été le fondateur de Jeunes Années aux Francas et avait multiplié les réalisations pour la presse des jeunes.
Son action dans l’édition de journaux d’activités et d’activité scientifique a été à la base de l’édition actuelle.
A « Edicop », l’édition d’ouvrages documentaires a été à l’origine des activités de Pierre Marchand et de ses collaborateurs.
De nombreux auteurs et illustrateurs de l’édition pour la jeunesse ont fait leurs premiers pas avec lui.
C’était un homme pour qui le faire était la base de toute action éducative.
( texte paru dans le n° 73 – juin 2002 – du bulletin du CRILJ )
Né en 1906 dans un milieu parisien très populaire, Fernand Bouteille rencontre le scoutisme à la Maison pour Tous du cinquième arrondissement de Paris dont il sera plus tard directeur. Collaborateur d’André Lefevre, Commissaire Général des Éclaireurs de France, il occupe des responsabilités à ses côtés tout en conservant son travail d’ouvrier. Pendant la guerre, il est membre du commissariat EDF où il représente à l’origine un courant Sillonniste. Après 1945, il devient journaliste spécialisé dans les questions de jeunesse. Il se rapproche des Francs et Franches Camarades (Francas) et crée en 1952 Jeunes Années, nom qu’il trouva en rêvant à ce « magazine actif » pendant la Résistance.
« À notre première rencontre, Fernand Bouteuille me demande d’illustrer quelques travaux dits « manuels ». Quelques mois plus tard, il accepte ceux que j’invente. Puis, m’ayant entendu raconter une histoire à mes enfants, il m’encourage à écrire. Et, entre croquetons et contes, rigolades et engueulades, cet animateur-inventeur-éditeur absolument unique passe de Monsieur Bouteille à l’Ami Fernand. D’après lui, un véritable magazine pour jeunes doit être actif, donc se construire, autant que possible, avec ses lecteurs et non pas simplement pour eux. Alors il invente ce qu’il appelle des Équipées : une dizaine de jours pendant lesquels l’équipe du magazine et un groupe de jeunes de 6 à 16 ans vivent et « trouvaillent » ensemble autour d’un thème. Quand je pense à l’invraisemblable mélange de travail et de fantaisie débridée que Fernand Bouteille encourageait chez ses collaborateurs de tout âge, je m’aperçois que le temps passé auprès de lui correspond assez bien au titre d’un grand film de l’après-guerre réalisé par William Wyler : Les Plus belles années de notre vie. » (Béatrice Tanaka)