Les droits de l’homme sur les planches

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    Le spectacle Les droits de l’homme, adaptation du Livre des Droits de l’Homme de Jacqueline Duhème (Gallimard jeunesse, 2015) a été créé en 2016 par la compagnie Petit Théâtre Pilat dans deux écoles, une dans la Loire, l’autre à Paris, puis, à Paris toujours, à la Médiathèque Françoise Sagan.

    Il a été présenté deux fois au Festival Off d’Avignon 2017 et 2018, en partenariat avec la Ligue de l’enseignement. Il sillonne désormais les routes de l’hexagone à la rencontre des enfants, dans les théâtres, les médiathèques, les écoles et les collèges. En ce début 2019,  il sera à Lyon, à Saint-Etienne, à Villefranche sur Saône, à Bussy Saint-Georges.

    Avec ce spectacle, l’équipe du Petit Théâtre Pilat à qui Jacqueline Duhême, en janvier 2015, a demandé de « mettre en scène les Droits de l’Homme », a « réussi ce pari ce pari de transformer la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme en images poétiques » (Viviane Ezratty), c’est-à-dire de rendre accessible la déclaration de 1948 aux enfants. L’article 13 de la déclaration sert de pivot et de fil conducteur au spectacle qui propose des retours en arrière ou des projets d’illustration. (1)

   Par le truchement de la réflexion de l’illustratrice, le texte comme la mise en scène qui le soutient évite la lecture ou l’énoncé des articles. Les interrogations servent de moteur à la dramaturgie où la lecture et les associations d’idées-images se mettent en scène. Le spectateur joue ainsi avec les sons et les images, comme lors de la lecture d’un album jeunesse.

    La réussite de ce spectacle consiste à aborder, de façon concise et visuelle, la globalité de la déclaration et le sens général des articles sans perdre l’auditeur dans l’excès de termes juridiques ni tronquer le propos par excès de simplification.

   Par ailleurs, le projet de la compagnie étant de répondre avec ses ressources à cette injonction faite par Robert Badinter à Jacqueline Duhême de « faire vivre la déclaration dans l’âme des enfants », nous mettons à la disposition des médiathèques et des classes son dispositif  ‘immersion artistique’ afin de permettre aux enfants d’être acteurs d’un projet autour du sujet  des droits de l’homme.

    En outre, suite à ses travaux dans les écoles et avec l’Inspection Académique du Rhône, la compagnie  a réalisé une exposition en onze panneaux mobiles qui constitue, dans les CDI et dans les médiathèques, un bel outil de présentation du livre, du spectacle et de la déclaration de 1948. (2)

( Thierry Vincent – février 2019 )

(1) présentation vidéo du spectacle ici.

(2) site de la Direction départementale de l’éducation nationale (DSDEN) du Rhône .

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Professeur de Lettres, auteur, metteur en scène, Thierry Vincent est directeur artistique du Théâtre Petit Pilat. Programmateur, depuis 2001, des rencontres Voix & Musiques et, depuis 2006, du Festival Bébés lecteurs, il signe son premier texte pour le théâtre avec son adaptation du Livre des droits de l’homme, préfacé par Robert Badinter et illustré par Jacqueline Duhême. « Il y relève le défi de placer la déclaration des droits de l’homme dans l’âme du spectateur. Son écriture conserve l’esprit et la lettre des trente articles. A l’instar des illustrations de Jacqueline Duhême qu’elle traduit, cette écriture théâtrale réussit à faire surgir images et poésie des concepts et préceptes d’un texte juridique fondamental. » (Programme 2018 d’Avignon Off). Parmi les spectacles en diffusion de la compagnie : La chasse à l’ours, lecture contée et mise en espace, d’après Michael Rosen  et Helen Oxenbury. 

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PAROLES DE SPECTATEURS

    « En ces temps sombres, il est rafraîchissant de réentendre La déclaration des Droits de l’Homme que tout citoyen, enfant, adulte, devrait sentir résonner au fond de son coeur et de son intelligence. Dans une mise en scène sobre, inventive, votre aventure auprès d’un jeune public s’avérera féconde. Il serait urgent de diffuser largement cette création dans un grand nombre d’écoles de France. » (Joël Vernet, Saint Appolinard)

   « J’ai personnellement beaucoup apprécié le spectacle qui parle de ces valeurs trop souvent méconnues, incomprises ou contestées. Ce sont pourtant les premières choses qu’un citoyen de France doit connaître et comprendre. J’ai trouvé ton approche intéressante. Je ne sais pas comment les enfants perçoivent et retiennent ce qui est finalement un divertissement ; mais moi qui suis un grand enfant — qui a eu la chance de découvrir et d’intégrer ces choses-là très tôt – j’ai aimé cette mise en scène sobre, les jeux d’ombre et de lumière… le jeu des comédiens tout à fait juste. » (Gil Josserand, Saint Clair du Rhône)

    « Nous avons passé une très belle soirée jeudi. […] J’ai trouvé que le spectacle etait vraiment adapté à un public scolaire. Il parle également à des adultes. [Vous avez] réussi à rendre vivant des articles de loi abstraits, parfois complexes. Je pense que c’était un sacré défi. Défi relevé. Les comédiens nous emportent en évoquant les notions évoquées par les articles (liberté, respect des différences, etc). Cela m’a donné envie de revoir la pièce car c’est assez dense. » (Jacques Mas, Villefranche sur Saône)

    « J’ai beaucoup apprécié le spectacle sur les droits de l’homme – vous avez réussi à présenter de manière poétique et fluide un texte difficile et transmis à toutes les générations confondues les valeurs fondamentales de notre société – le « tout dans le tout » est bien représenté par le « mobile » qui en reproduisant le mouvement planétaire illustre aussi la notion d’infini, mais aussi nous fait toucher du regard combien nous sommes peu de choses. J’espère que vous pourrez diffuser largement cette création qui touche grands et petits. Je vous transmets la réaction de Louison (9 ans) qui a été attentif d’un bout à l’autre. Chez un enfant, c’est un signe qui ne trompe pas et Louison a bien compris le message. Merci encore au metteur en scène et aux comédiens. » (Marie-France Livebardon, Saint-Etienne)

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L’ACCUEIL DE LA CRITIQUE

    « Comment enseigner les droits de l’homme aux enfants ? Le spectacle de la compagnie Petit Théâtre Pilat fait le pari de rendre le texte de la Déclaration de 1948 accessible dès 7 ans. La Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 a beau être un texte fondamental, elle reste un texte juridique et comme tel, difficile à rendre accessible aux enfants. Marqués par les attentats de janvier 2015, le metteur en scène Thierry Vincent et l’illustratrice Jacqueline Duhême ont ressenti la nécessité  » d’ouvrir le procès de l’inculture sans délai « . Ainsi est né ce spectacle où sont apportées sur scène  » la fantaisie, la fraîcheur, la naïveté du dessin de Jacqueline Duhême qui éclaire la lecture des articles à chacune de ses illustrations « . A travers les couleurs et les symboles, le texte ardu prend corps et devient concret. Même des enfants de CP peuvent mieux comprendre ces droits qui nous parlent du vivre ensemble, du respect d’autrui, de l’amélioration de la société. Une belle leçon d’humanité pour toutes les générations. » (La Terrasse, numéro 256, dimanche 25 juin 2017)

    « Un voyage féerique au cœur des Droits de l’Homme. Sur scène, à sa table à dessiner, Aline malaxe les mots et les idées pour illustrer l’article 13 de la Déclaration des Droits de l’homme.  » Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un état « . Peu à peu, avec la complicité de Paul, le spectateur entre dans son imagination d’illustratrice et sa réflexion sur le sens de chacun des articles : une féerie de mots, de couleurs, de chants et de rencontres… Ce spectacle fait dialoguer de façon jubilatoire l’univers pictural de Jacqueline Duhême et la déclaration des droits de l’homme. […] Il constitue une réponse à la question de Robert Badinter  » longtemps, je me suis demandé comment rendre accessible la déclaration aux enfants ». Dans une yourte, un décor frais, une table d’architecte éclairée dans la pénombre d’une lumière chaude. évocation du dessin, de plantes, d’échelles de corde-hamac sur laquelle on se balance, du monde, du texte des droits de l’homme décortiqué par une jeune femme dessinatrice, et un homme qui joue à l’occasion les chimpanzés mangeant une banane, pour illustrer un propos du traité sur la Déclaration des Droits de l’Homme.  Un spectacle pour les petits, commandé à la compagnie selon la législation, soit une demande aux écoles de mettre au programme ce texte essentiel à rappeler à tous. Des chants notamment « une souris verte » se mêle au récit. L’accent est mis sur les notions que « toute personne personne est libre de circuler librement, à droit à acquérir un savoir de base, à pouvoir vivre d’une façon répondant à satisfaire les besoins humains de reconnaissance et de respect » . On est plus sur le texte dit que le jeu, l’environnement est agréable et dépaysant. Dans la cour ombragée de l’école, en sortant du spectacle, des rafraîchissements sont à la vente, qu’on peut boire assis au calme, avant l’arrivée des spectateurs des spectacles suivants. (Théâtre en mots, juillet 2017)

 

Jean-Louis Besson

    Auteurs et illustrateurs, nous avons perdu l’un des nôtres, Jean-Louis Besson, mon cadet de trois ans.

     Jean-Louis Besson, un grand de l’illustration… Tu avais commencé ta carrière dans la publicité, chez Publicis, ce que, comme disait Savignac, portait à aller à l’essentiel dans l’image. Tu étais, Jean-Louis, le meilleur des amis, à l’écoute des copains. Portant très haut ton idéal, « faire au mieux ce que tu avais à faire », fouillant comme personne les documentations pour réaliser projets et commandes. Tu étais une référence pour tes collègues qui, souvent, faisait appel à tes connaissances. Respectueux de la vérité dans tes dessins tout en cultivant l’humour.

     Comme nous tous, toujours coincé dans les délais de livraison, travaillant sans arrêt pour ce métier aimé mais pas très rémunérateur, toi, Jean-Louis, qui savait que l’ouvre-boite avait été inventé quarante années avant la boite – cette anecdote de ses recherches racontée par ton copain américain a fait rire l’assistance si nombreuse qui accompagnait « ta boite » au cimetière.

     Merci Jean-Louis, pour l’exemple que tu nous laisses dans tes nombreux livres, ta vie, si chaleureuse, ta gaieté, ta tendresse.

     Soyons digne de toi.

 ( article paru dans le n°78 – octobre 2003 – du bulletin du CRILJ )

Né à Paris en juillet 1932, Jean-Louis Besson suit, pendant trois ans, des cours à l’École des métiers d’Arts de Paris puis travaille dans plusieurs agences agences de publicité. Il réalise des dessins animés. A partir des années 1970, il se consacre à sa passion : écrire et illustrer ses propres histoires. Il a longtemps travaillé chez Bayard-Presse, pour les magazines Astrapi, Okapi et J’aime Lire (Les jumeaux du Roi, Nicole Schneegans, 1982). Illustrateur de nombreux ouvrages pour la collection « Découverte Cadet », chez Gallimard Jeunesse, il y publie également des bandes dessinées. Parmi ses titres pour les enfants : Le nez (Nicolas Gogol, Calligram, 1993), Hadji (Jacqueline Duhême, Gallimard, 1996), Paris Rutabaga, souvenirs d’enfance, 1939-1945 (Bayard Jeunesse, 1995), Donné, c’est donné (Patricia Holl, Nathan, 2002), la série des « Calamity » (Nathan, à partir de 1996). Jean-Louis Besson est décédé le 1er mai 2003.

  jean-louis besson

Réaliser un livre comme Le livre des costumes (Gallimard Jeunesse, 1996) suppose d’abord de réunir une bonne documentation, des reproductions de tableaux pour l’essentiel, les costumes conservés dans les musées étant plutôt rares et peu représentatifs de toutes les classes de la société. Il m’a semblé amusant d’imiter les peintres comme Pisan, Rogier Van der Weyden ou Carpaccio, en veillant à ne pas faire les nez trop gros, surtout aux dames. J’utilise un rotring 015, du papier Schoeller Parole et des encres Martin’s ou Luma. Je fais mes dessins un cinquième plus grands. (Jean-Louis Besson)