On ne rencontrera plus dans les allées des salons le sourire et la gentillesse de Jean-Claude Marol, illustrateur, humoriste, écrivain, poète, conteur, concepteur, homme de théâtre, qui avait su garder un regard d’enfance.
D’abord architecte, il s’est transformé en bulle et s’est posé dans de nombreux magazines (Pilote, L’Echo des Savanes, Paris Match, L’Evènement du Jeudi, Panorama, les magazines de Bayard-Presse) et ses premiers livres d’humour se sont retrouvés chez Gallimard comme Vagabul et ses personnages sur FR3.
Pour son album Exils paru aux éditions Axel Noël, Régine Pernoud disait : « J’ai vivement apprécié votre conte plein de fraicheur et d’humour dénotant une connaissance approfondie de cet héritage médiéval que visiblement vous aimez autant que moi. »
A propos de Vagabond (Gallimard, 1982) :
– « Il est inimitable, Marol, dans ce mélange de naïveté tendre et d’impayable dureté. » (Bayard Presse)
– « Marol, avec ses petits personnages fantomatiques, bougons et obstinés et ses décors vides, nous emmène dans l’imaginaire le plus poétique. » (Les Nouvelles Littéraires)
A propos de Pli urgent (L’originel, 1985) :
– « Marol ramène les mots d’amour à leurs résonances premières, enfantines. A leur évidence poétique. » (Le Monde)
– « Quoi de plus urgent qu’une lettre d’amour ? Marol s’adresse à tous ceux qui aiment, à tous ceux qui s’aiment, et qui l’aimeront sîrement. » (Télérama)
A propos de Feudou dragon secret (Ipomée, 1983) :
– « Un conte moderne écrit de façon limpide et avec un certain humour. » (Odile Berthémy, Les Nouvelles Littéraires)
( article paru dans le n°71 – novembre 2001 – du bulletin du CRILJ )
« Dimanche 14 octobre 2001, sur un quai de Seine, nous sommes une trentaine à rendre un dernier hommage à notre ami Jean-Claude Marol, récemment disparu. Le vent, la bruine, les feuilles dorées de l’automne, le chant sans âge de deux musiciens, les cloches de Notre-Dame qui font vibrer les voûtes du ciel, les fleurs jetées à l’eau longeant lentement chacun d’entre nous avant de disparaître dans le vif du courant… Difficile en cet instant de délimiter clairement la frontière entre ombre et lumière, tristesse et joie. Nous sommes sur le fil. À égale distance de la déchirure et du bonheur. » (Thierry Cazals)
« Un jour, j’étais attendu dans une classe. Malheureusement, mon intervention (demandée par la direction) avait dû irriter l’instituteur : quand je suis arrivé, une interrogation écrite avait été prévue. On me faisait comprendre que j’étais de trop. J’aurais pu repartir. Quasiment sans réfléchir, j’ai dit aux enfants : “Écoutez, j’ai une idée. On va bien faire une interro écrite, mais vous allez vous poser des questions sur vous-mêmes, aussi impertinentes qu’elles soient.” C’est allé très vite. En dix secondes tout a échappé à l’instit’. Les gosses m’ont regardé avec cette sorte de vitalité, prête à tous les coups, qu’ont les onze, douze ans. Le résultat fut époustouflant. Contrairement à d’autres fois, ils n’ont pas posé de questions sur le sexe, mais des questions sur Dieu ou sur la mort. En un instant, on a assisté à un fantastique retournement, passant d’une interrogation qui crée le barrage à une totale ouverture. Alors, j’ai accéléré le mouvement. J’ai dit : “Dans dix minutes, je ramasse les copies ! Vite, vite !” Recréer l’urgence. Dans cette urgence, on n’a pas le temps de tricher, de faire semblant. Il faut aller vite. Ils ont en face d’eux un adulte pressé, qui fait face, qui est dangereux, tendrement dangereux. Il faut y aller. C’est une colère. »