Conversation avec Jeanne Ashbé

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Depuis 2002, Lire à Voix Haute Normandie (LAHVN) organise un observatoire trimestriel, en partenariat avec l’association ACCES (Actions culturelles contre les exclusions et les ségrégations). C’est un lieu d’échanges, de réflexion, de formation où des observations de situations de lecture aux tout-petits sont reprises, éclairées, analysées. Cet article témoigne d’une rencontre avec Jeanne Ashbé le jeudi 26 septembre 2019 qui succédait à celle avec Olivier Douzou, le 23 mai et précédait l’accueil de Sophie Curtil le 28 novembre 2019.

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    Jeanne Ashbé est l’auteure d’une soixantaine d’albums, pour une grande part publiée chez Pastel mais aussi chez Albin Michel Jeunesse et  chez  Bayard.

    La « conversation  » est introduite par la question suivante : « On dit « un enfant est un artiste et un artiste est un enfant », c’est quoi observer, quand on est artiste ? » Ce à quoi Jeanne Ashbé explique seulement qu’elle « se sent juste comme quelqu’un qui n’a pas totalement coupé la conversation avec la petite enfance. »

    Jeanne Ashbé tient à confier sa surprise d’avoir retrouvé, dans l’un de ses albums, les réminiscences d’un ouvrage que sa mère lui lisait souvent quand elle était enfant : Ma petite sœur (Deux Coqs d’Or, 1956) ; elle constate ainsi des similitudes, découvertes des années après, entre l’image de fin de cet album d’enfance et l’un des premiers albums qu’elle a publiés (On ne peut pas, Pastel, 1994). L’auteure en profite pour mettre l’accent sur ces raisons inexplicables qui peuvent nous attacher à un livre découvert très jeune.

    À propos de sa pratique d’auteure, Jeanne Ashbé compare l’invention d’un livre avec une promenade en forêt on peut s’éloigner des chemins tracés et l’on collecte des petits éléments,des petites choses vécues comme des brindilles, de la mousse…

    Jeanne Ashbé poursuit la conversation à travers la présentation de son album La fourmi et le loup. (Pastel, 2016), qui s’inspire du conte du Petit Chaperon Rouge. L’idée de la fourmi lui a été fournie, lors d’un voyage en avion, juste après le décollage, par un petit enfant qui jubilait de constater la petitesse des choses. « Le minuscule aussi intéresse le jeune enfant, et pas simplement de grandes images bien découpées « . L’auteure souligne que son album va du simple au complexe, et déclare que la complexité n’est pas à évacuer des albums pour les petits. Dans le propos de Jeanne Ashbé, il ne s’agit pas « d’exploiter » la complexité dans les livres pour les bébés, mais de ne pas en avoir peur. Cependant, il ne faudrait pas donner aux parents une impression d’élitisme, Jeanne Ashbé est méfiante de cela.

    Jeanne Ashbé raconte aussi comment sa création a pu s’inscrire dans l’actualité douloureuse (La fourmi et le loup a été crée dans l’ambiance des attentats de Paris et de Bruxelles de 2016 et en porte des résonances).

    L’auteure belge évoque ensuite rapidement son dernier titre, Moi je vais sur le pot, (Pastel, 2019) : « Je l’assume difficilement, mais je l’assume… Je ne l’aurais jamais fait il y a vingt ans », déclare-t-elle.

    L’après-midi s’achève par la lecture offerte par Jeanne Ashbé au public, de son dernier livre : Bon (école des loisirs, 2019).

par Pierre Le Guirinec – octobre 2019

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Pierre Le Guirinec, professeur d’école à l’école maternelle pendant plus  de vingt ans et maître-formateur à compter de 2005 est désormais en retraite. Master en lettres modernes en 2010 avec un mémoire sur la réception effective du littéraire chez les petits (sous la direction de Catherine Tauveron. Deux textes dans La jeunesse au miroir : les pouvoirs du personnage (dir. Myriam Tsimbidy et Aurélie Rezzouk, L’Harmattan, 2012). Article « Un contrat-lecture en maternelle au service d’une littératie émergente : quelles médiations de l’album pour quelles lectures partagées » dans La Revue des sciences de l’éducation de Montréal (2013). Article « L’enfant, l’album et le méchant : du stéréotype à l’activation des préjugés » dans le numéro 5 des Cahiers du CRILJ (2014).  Communications sur la réception de l’humour dans les albums chez les jeunes enfants (Saint-Quentin-en-Yvelines, 2011) et sur l’autoritarisme domestique à travers l’album pour enfants (Louvain-la-Neuve, 2012). Master en 2013 à l’université de Bretagne Occidentale (UBO) avec comme sujet de mémoire « L’album contemporain et la littérature à l’école maternelle : représentations de professeurs et rapport au savoirs » (dir. Claude Beucher). Article « Élargir le cercle scolaire de la littérature de jeunesse : un contrat-lecture à l’école maternelle » dans le numéro 9 des Cehiers du CRILJ (2017). Participation bénévole à l’organisation des salons du livre pour la jeunesse Rêves d’Océans de Doëlan (Finistère) et Les Marmouziens à Pleubian (Côtes-d’Armor).

 

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A haute voix

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Lire à Voix Haute Normandie

par Pierre Le Guirinec

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    Depuis 2002, Lire à Voix Haute Normandie ((LAHVN) organise un observatoire trimestriel, en partenariat avec l’association ACCÈS (Actions culturelles contre les exclusions et les ségrégations). C’est un lieu d’échanges, de réflexion, de formation où des observations de situations de lecture aux tout-­petits sont reprises, éclairées, analysées. Cet article témoigne de l’observatoire de jeudi 26 septembre  2019.

    Sylvie Joufflineau, fondatrice de l’association Lire À Voix Haute Normandie, présente et partage des observations de situations de lecture aux tout-‐petits. Les observations sont reprises, analysées, par Nathalie Virnot, psychologue et formatrice de l’association ACCÈS, à la croisée de l’analyse d’album et de la psychologie du développement. Cet observatoire permet de faire un aller‐retour entre pratiques de lecture et éléments théoriques.

    Le partage, avec une vingtaine de participants, s’est articulé autour d’une expérience de lecture collectée dans les actions qui sont engagées par Lire À Haute Voix Normandie. L’action en question, institutionnalisée par l’association normande depuis quelques années, consiste à partager des lectures avec des enfants, l’été, en stationnant un mini bus chargé de plus de huit cents ouvrages, à l’entrée du square Pinsdez de Dieppe

   Le principe de ces observations, fondées sur des prises de notes ainsi que sur la démarche de la lecture « hors des murs », de la lecture individualisée conduite par le désir de l’enfant, auquel on ajoute l’exigence de qualité des œuvres  proposées au jeune lecteur (qui choisit son livre), participe de l’originalité et de la filiation intrinsèque de LAHVN et de l’association ACCÈS.

    Sylvie Joufflineau et Nathalie Virnot rappellent la nécessité de se caler sur le rythme de l’enfant : c’est bien ce dernier qui oriente la lecture et guide son lecteur adulte (qui est en général une lectrice) ; les deux intervenantes soulignent ou rappellent ’importance fondamentale de ce travail d’éveil culturel de proximité des bébés et des très jeunes enfants en tous lieux (salles d’attente de PMI, etc.), grâce à la lecture d’albums.

    Durant le temps des échanges avec le public présent, à partir de la narration d’une expérience de lecture, sont ressorties les problématiques de la présence  des familles (le « stress éducatif  » de parents vis–a-vis de leur enfant), celle de la gestion de « l’autorité » face au jeune public et au regard de leurs besoins et de leur situation de vie (et la notion d’accompagnement plutôt que de sanction ou de chantage), et celle de la technique (difficile au début) de la prise de notes à la suite d’une prestation. Le support de l’album ou des albums partagés est une aide utile, précise Nathalie Virnot, pour la remémoration de ce qui s’est passé.

    Les dates des observatoires 2020 de Lire à Voix Haute Normandie, à Rouen toujours : jeudi 5 mars, jeudi 14 mai, jeudi 17 septembre et jeudi 26 novembre.

 (jeudi 18 novembre 2019)

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Liens utiles :

https://www.lireavoixhautenormandie.fr/

https://www.acces-lirabebe.fr/

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Pierre Le Guirinec, professeur d’école à l’école maternelle pendant plus  de vingt ans et maître-formateur à compter de 2005 est désormais en retraite. Master en lettres modernes en 2010 avec un mémoire sur la réception effective du littéraire chez les petits (sous la direction de Catherine Tauveron. Deux textes dans La jeunesse au miroir : les pouvoirs du personnage (dir. Myriam Tsimbidy et Aurélie Rezzouk, L’Harmattan, 2012). Article « Un contrat-lecture en maternelle au service d’une littératie émergente : quelles médiations de l’album pour quelles lectures partagées » dans La Revue des sciences de l’éducation (Montréal, 2013). Article « L’enfant, l’album et le méchant : du stéréotype à l’activation des préjugés » dans le numéro 5 des Cahiers du CRILJ (2014).  Communications sur la réception de l’humour dans les albums chez les jeunes enfants (Saint-Quentin-en-Yvelines, 2011) et sur l’autoritarisme domestique à travers l’album pour enfants (Louvain-la-Neuve, 2012). Master en 2013 à l’université de Bretagne Occidentale (UBO) avec comme sujet de mémoire « L’album contemporain et la littérature à l’école maternelle : représentations de professeurs et rapport au savoirs » (dir. Claude Beucher). Article « Élargir le cercle scolaire de la littérature de jeunesse : un contrat-lecture à l’école maternelle » dans le numéro 9 des Cahiers du CRILJ (2017). Participation bénévole à l’organisation des salons du livre pour la jeunesse Rêves d’Océans de Doëlan (Finistère) et Les Marmouziens à Pleubian (Côtes-d’Armor).