Illustrateur, c’est un très beau métier
« Je ne me sens pas qu’illustrateur et je ne m’intéresse pas qu’à la jeunesse. Ce qui m’intéresse, c’est le dessin sous tous ses aspects. Illustrateur, c’est un très beau métier, j’illustre souvent des textes. Mais je fais aussi des dessin de presse. Le mot illustrateur est un peu plus étroit. A Moulins, j’expose donc des dessins de presse, d’édition, de communication et de petites sculptures. J’ai commencé ma carrière par là, à la fin des années 1970. Un moment assez génial, tous les groupes de presse, les éditeurs se développaient énormément, Gallimard jeunesse, Nathan, Bayard. À l’époque, c’était sympa et facile de trouver du boulot. J’ai été directeur artistique à Bayard presse pendant longtemps. Ce qui me plaît, c’est de tisser une communication avec l’enfant. Je ne suis pas un professeur, plutôt un amuseur. Dans « Max et Lili », Dominique de Saint-Mars donne le côté sérieux dans les scénarios. J’apporte un peu d’humour pour un résultat ludo-éducatif, dans la lignée de Bayard. J’aurais pu me contenter de faire « Max et Lili », vu le succès de la série. Mais ça m’a donné envie de créer « SamSam », d’aller vers la fantaisie, moi qui avais assez donné dans le quotidien. Avec ce personnage, j’ai aussi un projet de long-métrage, qui sortira dans deux ans et de cinquante épisodes pour la télé. Je suis ce projet de très près. J’aime travailler en équipe, cela me rappelle mes débuts chez Bayard. Ce n’est pas toujours facile de partager son travail mais pour développer, faire vivre ses personnages, il faut l’accepter. Cela ne me dérange pas d’être légèrement trahi, si le résultat est mieux. Gamin, j’ai aimé le dessin avec Hergé, Goscinny, aussi, son génie de l’humour et le trait de Sempé. Je suis très influencé par lui et par des dessinateurs américains comme Steinberg. Il y a aussi Tomi Ungerer, autre invité de la manifestation. Nous sommes tous deux alsaciens. Chez les plus jeunes, j’aime bien Philippe Petit-Roulet, Pascal Lemaître et beaucoup d’autres qui ne sont pas connus. Aujourd’hui, tout le monde veut devenir dessinateur. Ce n’était pas le cas quand j’étais jeune. »
( Serge Bloch – La Montagne – 25 septembre 2017 )
(photographies : André Delobel)
Né à Colmar en 1956, Serge Bloch fréquente l’atelier d’illustration de Claude Lapointe à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, puis commence à travailler pour la presse enfantine. Il fut rédacteur en chef visuel du journal Astrapi. Vivant entre Paris et New York, Serge Bloch se partage entre illustration pour enfants (les 90 titres de la série « Max et Lili », SamSam créé pour Pomme d’Api, de nombreux ouvrages chez divers éditeurs), dessin de presse (pour The Washington Post, The Wall Street Journal, The New York Times, The Boston Globe, The Los Angeles Times, etc), travaux publicitaires (Coca Cola, Hermes, RATP, Samsung, Mondial Assistance, etc), cinéma d’animation et expositions. Il a reçu, en 2005, la médaille d’or de la Society of Illustrators, le prix Baobab du Salon du livre et de la presse jeunesse, en 2006, pour Moi j’attends de Davide Cali (Éditions Sarbacane), un Bologna Ragazzi Award de la Foire du livre de jeunesse de Bologne 2007 pour ses illustrations de L’encyclopédie des cancres, des rebelles et autres génies de Jean-Bernard Pouy (Gallimard Jeunesse). En septembre 2016, il a publié, chez Bayard, Bible, les récits fondateurs avec un texte de Frédéric Boyer, publication suivie de l’exposition Il était plusieurs fois… montré au Cent Quatre à Paris, à la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon et à Cracovie. En 2017, il illustre Georges et son ombre de Davide Cali (Sarbacane). Serge Bloch est un adepte du trait « simplifié ». « Il m’arrive encore que des directeurs artistiques me demandent si ce que je viens de leur proposer est la version définitive. D’autant qu’en général, c’est moins bien si j’en viens à retoucher mes images. »