Retour de salon

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Un salon du livre est-il une terre de mission ?

    Les cartons de livres et les rouleaux d’affiches sont à nouveau remplis, moins lourds qu’il y a quelques jours. Chacun est rentré chez soi. Il y a eu une jolie affluence, familiale et populaire. Les enfants ont beaucoup sollicité les lectrices de Livres Passerelle. Ils ont aussi fabriqué un passeport personnalisé grâce aux typographes des Milles univers. La file d’attente devant la caisse de la librairie balgentienne Le Chat qui dort fut conséquente pendant les trois jours. Mathilde Chèvre et Mo Abba ont, pour Le Port a jauni, éditons bilingues en français et en arabe, beaucoup montré, beaucoup expliqué. Ils ont beaucoup convaincu. Julia Chausson, quasi scotchée derrière ses albums de contes et de comptines, a généreusement dédicacé.

    Sur le stand du CRILJ, en plus de nos propositions et documents habituels, nous avions apporté, tirés en nombre, le texte de Quand les hommes vivront d’amour de Raymond Lévesque (récemment mis en images par Pierre Pratt) et un montage de couvertures de livres évoquant Maroussia. Chanson connue, paroles et musique, de près de 95 % des personnes avec lesquelles nous avons  échangé, 65 % – les plus âgées, surtout des dames – ayant lu le roman de P. J. Stahl.

    Dans les cinq autres communes de la Communauté de communes des Terres de Loire où l’association Val de lire avait, pour la première fois, décentralisé le salon – nous n’y étions pas –, le public a répondu inégalement présent. Gros succès à Ouzouer-le-Marché et Marie Lequenne, responsable de la Médiathèque intercommunale Simone Veil de Beauce la Romaine, en est toute heureuse. En un autre endroit, il semblerait que ce fut (trop) clairsemé. Le soleil qui invitait à la promenade en forêt ou sur les bords de Loire est-il le principal responsable de cette désaffection ?

(lundi 28 mars 2022)

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 Quelques jours avant la fête – photographie  : Andy Kraft

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Et que revienne la paix

 

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Ukraine : la solidarité en actes

Merci à Alain Serres, directeur des éditions Rue du monde, pour son autorisation de mise en ligne. Nous nous sommes permis un titre.                            

     Parce que nos collections sont largement ouvertes sur le monde, nous avons publié des livres venant de Russie ou d’Ukraine et, en particulier, les cinq livres du talentueux duo de jeunes talents ukrainiens Romana  Romanyshin et Andriy  Lesiv, très connu dans leur pays, honoré par trois distinctions à la Foire de Bologne du livre jeunesse.

    Nous sommes en contact avec tous ces amis. Nos posts sur les réseaux sociaux apportant de leurs nouvelles sont suivis par des dizaines de milliers de personnes.

    Ainsi, notre dernier message Facebook au sujet de Romana et Andriy a touché plus de 800 000 personnes, 7000 d’entre elles ont liké les propos émouvants et la photo des deux artistes, La guerre qui a changé Rondo en mains. Leur album date de 2015, mais il est très fort à partager aujourd’hui avec les enfants, en particulier pour ses valeurs de résistance et l’espoir qu’il offre aux jeunes lecteurs.

    Afin de répondre à la demande des enseignants, parents et bibliothécaires, qui cherchent des outils pour poser des mots sur cette effroyable guerre avec les enfants, Rue du monde a décidé de remettre en place en librairie ce livre si pertinent. Notre politique de sauvegarde des stocks, que nous menons de puis 25 ans avec le soutien de notre diffuseur-distributeur Harmonia Mundi, nous permet de remettre en circulation 1500 exemplaires de cet album, dès ce lundi 7 mars.

    J’ai souhaité que ce geste s’accompagne d’une action solidaire : nous reverserons 1 euro par livre vendu au compte Urgence solidarité Ukraine du Secours populaire français, en commençant, par un versement de 1000 euros, effectué la semaine dernière parce que l’urgence, c’est maintenant.

    De l’autre côté de la frontière ukrainienne aussi, l’émotion est grande. Nos amis russes, avec lesquels nous avons notamment publié Le Transsibérien, il y a trois mois, nous informent qu’un courageux appel pour que cesse immédiatement cette guerre a été signé par plus de 10 000 illustrateurs, graphistes et professionnels de l’image.

   Nous appelons à ce que, parallèlement aux sanctions économiques justement infligées à l’État russe, les professionnels européens de la culture agissent pour que soient maintenus des liens solidaires avec tous ces acteurs de la culture qui portent les émotions, les rêves de paix et l’identité du peuple russe, au risque d’être privés de leur propre liberté.

par Alain Serres – dimanche 6 mars 2022

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Romana Romanyshin et Andriy Lesiv envoient de leurs nouvelles

     « Nous sommes relativement en « sécurité ». Nous avons décidé de déménager de Lviv à la maison des parents d’Andriy, dans la région de Karpaty (dans le sud-ouest du pays). Sécurité, signifie que, pour l’instant, il n’y a ni chars ni combats dans nos rues, mais nous entendons régulièrement des sirènes de raids aériens et nous devons nous rendre à l’abri anti-bombardement.

    Nous ressentons toute la gamme des sentiments – peur, chagrin, horreur, colère, fierté, détermination, confusion qui se transforme en calme.

    Nous ressentons de la peur pour notre famille, du chagrin pour les Ukrainiens tués, nous ressentons de l’horreur envoyant nos villes brûlées, de la colère et de la haine envers les envahisseurs, de la détermination à les battre, de la fierté pour notre pays. Nos pensées confuses sur l’avenir s’apaisent lorsque nous voyons nos courageuses Forces armées ukrainiennes.

    La seule chose que nous ne ressentons pas, c’est la solitude. Tous les Ukrainiens sont tellement unis, nous ne faisons qu’un. Chacun fait ce qu’il peut pour aider à sauver notre peuple, notre Ukraine. Et nous ressentons le soutien de nos amis du monde entier. »

    Cinq livres de Romana Romanyshyn et Andriy Lesiv sont publiés, en français, chez Rue du monde, dont trois ont été primés à la Foire de Bologne : Maïa qui aimait les chiffres ; Dans mes oreilles, j’entends le monde ainsi que La guerre qui a changé Rondo, album écrit après la guerre de 2014. Dernière parution en 2021 : D’ici jusqu’à là-bas.

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Une voix venue de Moscou

     Une jeune collègue travaillant dans l’édition en Russie a fait parvenir à Rue du monde un message fort et courageux.  Quelques extraits :

    « Sachez que vos partenaires russes – éditeurs, auteurs, artistes, traducteurs, éditeurs – sont toujours les mêmes, ceux-là qui ont fait de leur mieux pour construire des ponts culturels et partager des valeurs humaines avec vous.

     Notre manière à nous de lutter contre la terrible réalité d’aujourd’hui est de poursuivre notre travail, de partager encore et encore des idées d’humanité, la force des mots et celle de l’art.

    Sincèrement, je ne sais pas comment nous y parviendrons ; tout est trop sombre aujourd’hui. Mais nous continuerons à travailler, à lutter pour la vérité et la liberté.

    Toutes mes pensées vont au peuple ukrainien. Nous ne sommes pas des ennemis ! Et, quels que soient les événements actuels, telle est la vérité. »

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